Interview – Maître T

Il me tenait à cœur depuis déjà un moment de mettre à l’honneur via mon blog de nombreuses personnes qui me sont proches et que j’estime énormément. Pour ce faire, j’ai décidé de débuter une série d’interviews. Des amis, des dominant.e.s, des soumis.e.s, switch, brat, etc. Des personnes que vous connaissez et d’autres plus secrètes que j’ai envie de vous faire connaître. Mettre l’accent sur nos différences et sur ce qui nous lie aussi.

Aujourd’hui, je vous présente Monsieur T, dominant d’expérience et de sagesse que j’estime beaucoup. Monsieur T possède un blog avec sa soumise : www.luxbdsm.com, il est également très présent sur twitter. Prochainement, c’est mon amie Ayamé, soumise de Monsieur T, qui répondra à toutes mes questions à son tour.

Je vous souhaite beaucoup de plaisir à découvrir Monsieur T, et vous laisse donc avec lui pour cet article.

Bonne lecture.

Bonjour, Monsieur T, merci infiniment d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Avec plaisir Miss! Ça faisait longtemps! Nous aussi, on aimerait bien une jolie collaboration avec toi (V/vous-même) sur notre site 🙂

Avant toute chose, comment décririez-vous, en quelques mots, s’il fallait résumer brièvement l’homme que vous êtes ?

En quelques mots ? À peine commencé, et me voilà en dehors de ma zone de confort…Quelle sadique tu fais Clarisse ^^

Je vais donc te répondre ce que je réponds à mes interlocuteurs lorsqu’ils me regardent, éberlués, en apprenant ma pratique du BDSM : je suis un type normal, discret et sympa, qui vit en parfaite harmonie avec l’animal sauvage qui vit tapi en lui.

Comment avez-vous commencé le BDSM ? Depuis combien de temps ?

Je pratique le BDSM depuis bientôt 14 ans maintenant.

Ma toute première expérience dans ce monde est arrivée de manière totalement fortuite. Je suis jeune et con, à cette époque. Je ne reconnais pas les signaux que la demoiselle m’envoie, me rends à un rendez-vous pensant “tirer un coup” et ressortirais quelques heures plus tard avec quelques marques, un rien d’inconfort, la fierté égratignée, une excitation à casser les boutons de mon jean, trois tonnes de questions et une absolue certitude : ce que je venais de vivre était sans conteste dingue, mais clairement la plus excitante, la plus intéressante, la plus libératrice de mes expériences. Je n’avais pas aimé être sous son joug, j’étais excité par l’idée d’être à sa place.

J’étais à l’époque un queutard normal, un post-adolescent classique, centré sur mon propre plaisir, jouir, vite et fort, un peu brutalement peut-être, parader et trouver la suivante, comme tous les autres ou presque… Dès le lendemain, tout ça, c’était terminé. Une longue phase de doute, de honte s’ensuivit. Comment ne pas en avoir lorsque l’on s’aperçoit que, si le sexe est si insipide, c’est parce qu’il n’est pas complet, il lui manque douleur, humiliation et pouvoir total. J’avais ressenti cela, on pouvait l’infliger sans que ce soit blessant ou traumatisant, mais de là à rendre ça plaisant…c’était une autre histoire, et même si c’était faisable, je devais sûrement être un monstre pour rêver de ça. Des heures et des heures de recherches, et quelques rencontres plus tard, je faisais la connaissance d’un Maître BDSM, et commençais mon apprentissage.

Pensez-vous que cette condition de Maître qu’est la vôtre à toujours fait partie de vous ? D’un point de vue général, pensez-vous qu’on naît Maître ou plutôt qu’on le devient ?

Une intéressante question que celle-ci.
Je pense qu’il y a des fondamentaux pour être Maître, ou Dom, que l’on a ou que l’on n’a pas. Certains traits de caractère, certains besoins, certaines qualités et certains défauts, peut-être certains traumatismes aussi. Des lieux communs que nous retrouvons chez bon nombre d’entre nous, sans pour autant avoir la même histoire.
Cependant, je ne pense pas qu’on naisse Maître. On le devient, d’abord par la naissance d’un besoin, qui la plupart du temps n’est pas inné, puis par la compréhension de la philosophie, puis par les efforts, notamment d’apprentissage, et enfin par l’investissement que l’on est prêt à faire.

Quoi qu’il en soit, je sais avec certitude que, sans cette rencontre qui a initié ces changements, et ces rencontres qui m’ont permis de m’accepter, de trouver ma voie, de comprendre ce monde et de m’exercer, je ne serais pas celui que je suis aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire.

Faites-vous la différence entre un Maître et un dominant ?

Absolument. C’est ce qu’on m’a appris, et j’adhère totalement à cette vision. Je l’ai détaillée dans un article sur notre site web, mais je vais tenter de résumer:
Un Dom est un homme qui exerce naturellement sa domination. Il est ainsi, c’est son caractère. Son attente première est que sa partenaire se soumette à lui, c’est un dû. Ses pratiques vont naturellement pousser la soumise hors de sa zone de confort, testant ainsi son allégeance. Certains d’entre eux considèrent qu’une fin de séance initiée par un mot d’alerte est une fierté, et que l’adaptabilité est davantage une obligation de la soumise que la leur. Le refus le met en fureur. La plus grande crainte de la soumise d’un dom est souvent sa punition.

Un Maître est un enseignant avant tout. Il est pédagogue, intellectualise naturellement, est plus méthodique et enclin à fixer des objectifs. Par nature, il va considérer sa soumise non comme son jouet, mais comme son œuvre. Il en est naturellement fier et aime généralement l’exposer. Son objectif n’est pas en premier lieu de mettre la main sur la soumise parfaite, mais bien de transformer celle-ci pour qu’elle le devienne. Il attend d’elle une progression, et de l’investissement, car il s’investit lui-même et s’adapte. La plus grande crainte de sa soumise est sa déception, c’est aussi ce qui le met le plus à mal.

Il y a de très bons Doms et de très mauvais Maîtres, et vice versa. Il y a aussi des relations dont le manque d’équilibre vient du fait que la soumise a besoin d’un Dom et non d’un Maître, ou l’inverse. Quoi qu’il en soit, “rentrer dans la case” Maître ou Dom n’a que peu d’importance dans la relation. L’important est, a toujours été et sera toujours, quelles que soient les croyances, les cercles et les dénominations, le dialogue, le partage et le respect de l’autre, autant que la connaissance de soi et l’honnêteté concernant ses attentes.

Quelle importance prend le BDSM dans votre vie ?

Vitale. Voilà une réponse synthétique, mais c’est pourtant la première qui me soit venue à l’idée. Je précise tout de même rapidement. Notez que je parle de la pratique du BDSM, de la séance précisément, mettant de côté le sentiment d’appartenance à une communauté, la reconnaissance, l’amour pour et de sa partenaire, le partage de connaissance ou le quotidien en 24/7 pour ceux concernés…Pourtant ces facteurs comptent, eux aussi, simplement je ne souhaite pas te faire perdre tes lecteurs par ennui ou généralités.

Pour moi, le BDSM signifie la liberté. Celle d’être moi-même, libre d’agir, libre de laisser sortir celui qui a besoin de contrôler, de faire évoluer, d’ordonner, de voir céder et plier. Sans séances, je suis un peintre privé de l’exercice de son art. Oui, la peinture, aux multiples couleurs, est là : l’envie, l’imagination, le besoin. Peut-être les pinceaux sont-ils là : Outils, jouets, lieux. La toile est également là, vivant une relation vanille avec Ayamé. Mais il n’y a qu’en séance que le peintre est libre, devient créatif, sérieux, concentré, et qu’il s’épanouit.

D’accord, Picasso a bon dos, je ne suis certes pas un peintre, mais un loup. Ainsi, c’est de traquer, de gronder, de renifler, de bondir, de griffer, de mordre et de dévorer sa proie, consentante, dont j’ai besoin. En séance, je le peux. Dès lors, cette liberté retrouvée, tout le reste disparaît. La séance a également pour moi un effet apaisant sur ma vie quotidienne, sur les problèmes anodins qui s’accumulent et que je ne parviens pas aussi bien à relativiser que mes contemporains. Enclin à la dépression, à la colère froide et aux idées les plus sombres, le BDSM est salvateur, quasiment thérapeutique pour moi, depuis bien longtemps.

Pour vous, quels sont les fondements imparables d’une relation BDSM ?

C’est sans hésiter une seule seconde que je te réponds, dans cet ordre, la connaissance (de soi et de l’autre), la confiance (en ses capacités et en celles de l’autre), le respect (pour l’autre d’abord, et pour soi-même).

La connaissance, de nos limites respectives, de nos capacités respectives, de nos histoires, de nos attentes et de nos désirs respectifs, cela passe également par la maîtrise de soi, et celle de tous les outils que l’on peut être amené à utiliser.

La confiance. Cela paraît évident, il faut avoir confiance dans son partenaire pour s’abandonner à lui, ou à elle. C’est fondamental, une évidence pour tout le monde. C’est valable pour une soumise, mais aussi pour un Maître. Il me faut avoir confiance en elle pour “opérer”, savoir qu’elle ne me dissimulera aucun ressenti, aucune difficulté, aucun problème de quelque ordre que ce soit, sans quoi, elle pourrait être en danger.

Le respect…Le respect de ses limites, de son plaisir, de ses peurs. Le respect de son passé, de son histoire, de ses traumatismes. Le respect de ses attentes, de ses espoirs et de ses rêves. Le respect, aussi, de ses contradictions, de ses obligations, de ses impossibilités. Et elle des miennes. Le respect de nos intégrités respectives, et cela, peu importe les contraintes que cela nous impose.

Vous pensez-vous plutôt cérébral ou charnel ?

Je te répondrais que je suis à mi-chemin…tantôt plus l’un, tantôt plus l’autre, mon humeur, mon besoin d’évacuer, de ressentir ou d’excitation peut tout changer.

Dans un contexte d’échange des pouvoirs total, quelle est la proportion dans votre couple dans la « répartition du plaisir » ? Même s’il est souvent partagé, pensez-vous d’abord à votre plaisir ou à celui d’Ayamé ?

Voilà une autre question très intéressante, qu’on lit très rarement pourtant…Peut-être est-ce parce que, comme dit le proverbe, il y a autant de façon de faire que de gens qui font…

De fait, et je le précise, cette réponse, comme les précédentes et les suivantes, n’engage que moi, ma vision, mon ressenti, mon passé, mes croyances et mes convictions, bref, mon avis et mon envie!

En ce qui me concerne, je suis bien conscient de mes limites, et de mes besoins. Et ces besoins, ils sont avant tout cérébraux. Ne te méprends pas, j’aime le sexe, j’aime la légèreté que me procure l’orgasme, j’aime la stimulation physique, évidemment. Mais je peux m’en passer. Cependant, je ne peux me passer de cette liberté, de cet apaisement de l’âme que me procure la domination.

Je suis aussi conscient des sacrifices qu’ils imposent à ma partenaire de jeux. D’être humiliée, contrainte, animalisée, objetisée, marquée et j’en passe. J’ai appris à le faire d’une façon qui, lorsque je le décide, est plaisante, libératrice, voire possiblement jouissive. Être ma partenaire nécessite cependant un certain lâcher-prise, une forme de masochisme, une acceptation à suivre mes envies, qui peuvent parfois être au-delà du plaisant, au-delà du confort, au-delà de son propre désir.

Alors, même si c’est à cela qu’aspire ma soumise, je me dois de la récompenser. Pour cela, il est important pour moi à la fois de nourrir ses envies de soumission autant qu’elle me nourrit, mais également de la récompenser, physiquement, comme il se doit. Ainsi, lors de nos séances, j’aime à terminer nos séances par l’offrande du plaisir, de son plaisir. Ainsi, elles se finissent par une série d’orgasmes, toujours, et autant que possible, l’intensité de ces orgasmes de clôture dépend de l’abandon dont elle a fait preuve, et de ma satisfaction. Il m’a semblé, à mes débuts, que c’était une belle façon de lui faire part de ma gratitude…tu ne penses pas ?!!

Quelle est la charge mentale d’un Maître tel que vous ?

Alors la, c’est un sujet qu’il te faut aborder avec ma psy ^^ en réalité, tu l’auras compris, l’animal, le “Loup” puisque c’est ainsi que je me le représente depuis quelques années, c’est à -dire le Maître, influence grandement ma vie. De fait, tout ce que peut vivre l’homme est, également, ressenti par le loup…également, en termes d’intensité. Pas nécessairement de la même façon. Sans entrer dans les détails, il y a certains aspects de ma vie actuelle qui exaspèrent et mettent le Loup en rogne au plus haut point, et qui ne font qu’accabler et rendre triste l’homme.

Cette dualité fait vivre et ressentir deux choses à la fois…une douce, consciente et maîtrisée (peut-être même souhaitée) schizophrénie ayant été en moi aussi loin que le Loup s’en souvienne, je ne puis accorder au BDSM la moindre charge mentale à proprement parler.

« C’est au final la soumise qui décide de tout, d’une façon indirecte » êtes-vous d’accord avec cela ?

Je dirais oui, avec quelques nuances…Pour commencer, je dirais que “c’est en amont, et pas au final, la soumise qui décide de tout”…

En effet, c’est notre rôle, en tant que Maître d’œuvre, de faire en sorte que toutes les pratiques envisagées, tous les scénarios réalisés et toutes les sensations endurées soient consentis. Nous piochons dans ce qu’il est possible de faire pour la soumise. C’est donc elle qui choisit les pratiques “envisageables”…en amont! Nous choisissons l’enchaînement, l’intensité, la récurrence, la durée, le tout…selon ses possibilités et ses capacités, c’est donc, là encore, la soumise qui est au centre de toutes les décisions. Notre rôle ensuite consiste à de la mise en scène pour faire oublier cet état de fait, reprendre le contrôle en la poussant dans ses retranchements (pourtant consenti à l’avance), la surprendre, la faire frémir, s’inquiéter éventuellement, puis exploser, hurler, couiner, rêver, relâcher, jouir…bref, on prend un contrôle bien réel dans les limites autorisées par la décisionnaire…Et on lui fait oublier, aussi vite et intensément que possible, qu’elle est en effet décisionnaire (il nous arrive d’ailleurs, au fond, de nous prendre nous-mêmes au jeu et de l’oublier…c’est même souhaitable, du moins tant que le Safeword n’est pas prononcé!

Pour vous, pratiquer le SM compte-t-il autant que le D/s ?

Ce sont, pour moi, deux choses différentes. Le SM est, disons…une orientation de pratiques, quand la D/S est une façon d’être.

Lorsque la vie nous le permet, nous vivons notre relation D/S. nous nous sentons libre de cette façon, et nous partageons ainsi nos sentiments de la manière qui nous convient. Et cela sans nécessairement faire de séance, ou de sexe.

Lors des séances, nos goûts sont très éclectiques, cependant il est vrai que, plus le temps passe, plus la partie sadomasochiste de notre relation prend de la place…de la place, sans pour autant remplacer! Il nous arrive de faire des séances sans la moindre douleur, préférant le Petplay, la DDLG, ou d’autres pratiques telles que le Fireplay ou le Knifeplay, lesquelles n’impliquent pas nécessairement le masochisme d’Ayamé. Et s’il est vrai que l’expression de mon sadisme me permet une libération particulièrement enivrante et apaisante, ce n’est pas pour autant une nécessité… Pas plus que le sexe, d’ailleurs, mais c’est un autre débat!

Quelle importance accordez-vous aux sentiments dans votre BDSM ?

Je ne vais pas me faire des amis avec celle-ci, tu t’en rends bien compte ?!
Ma réponse, pourtant, est des plus simple : une relation implique des sentiments, une relation forte des sentiments forts, une relation ou l’on s’abandonne éperdument l’un à l’autre implique des sentiments plus forts encore. L’être humain est ainsi fait, et si je ne lutte plus depuis bien longtemps contre ma nature animale, il en va de même pour ma nature humaine. Donc oui, j’aime, les sentiments font partie intégrante d’une relation D/S.

Ne te méprends pas, si je considère inutile et vain de lutter contre tous sentiments pour ma (ou mes) soumise(s), cela ne signifie pas que j’ai le moindre avis ou jugement pour ceux qui partage exclusivement une relation D/S, en ayant ou non une vie vanille à côté. Une relation exclusivement D/S a ses avantages et ses inconvénients, tout comme le fait de lier D/S et famille en a également, et je ne saurais prendre parti dans ce débat-ci.

Avez-vous un objet fétiche ?

À part Ayamé tu veux dire ?!!
Comme tout le monde, j’ai mes préférences, de pratiques, de musiques, de cadre, de lieux, de jouets et d’outils! mais en effet, j’ai une préférence pour l’un de ces outils. En bon Sadique, il s’agit d’un Snakewhip, orné d’une tête de serpent : Clyde. Une joie pour l’éleveur de pythons que je suis ! C’est une merveille, confectionné par Monsieur Charon Delaforge, il m’arrive de le comparer à l’anneau de la terre du milieu : il est vivant, et semble avoir sa volonté propre! En réalité, ce SONT des merveilles, car Bonnie & Clyde, c’est ainsi que nous les avons nommés, sont des fouets jumeaux, dont la différence réside dans la partie impact, Bonnie se terminant par de petites lanières de cuir fines et acérées, Clyde est lui paré d’un cracker, dont le son lorsqu’il se réveille n’a d’égal que son mordant. Si j’ai bonne mémoire, tu as toi-même sursauté en l’entendant chanter !!

Une pratique fétiche ?

Oui…mais au risque de te décevoir, je ne peux te dire exactement ce qu’elle est, simplement car elle dépend de ma partenaire, de son Mood et du mien, à l’instant T, dans une ambiance ou un lieu donné. Cependant, aléatoirement, chacune de mes pratiques a, un jour, au moins une fois, été si belle, si forte et si intense qu’elles ont mérité, à ce moment précis, la place de pratique fétiche.
Cependant, j’ai des préférences, évidemment !!!

Si vous pouviez donner un conseil à un homme qui souhaite rencontrer une soumise pour la première fois, que lui diriez-vous ?

Mon premier conseil serait de…ne pas me demander! Je ne suis pas une agence matrimoniale BDSM contrairement à ce que beaucoup semblent croire, notamment sur les réseaux sociaux. Jamais je ne mettrais ma réputation en jeu pour une personne que je ne connaîtrais pas autant que moi-même…Et comme je doute que cela puisse arriver un jour…le problème est réglé!

Sinon, mes conseils sont simples : lisez les blogs de qualité, comme le tien ou d’autres blogs de soumise épanouies, ou encore de livres écrits par des soumises… c’est ce qui vous apprendra ce que peut être le ressenti de votre futur partenaire, et quelles sont ses attentes vis-à-vis de vous. Vous y apprendrez aussi le plus important, vos responsabilités! (Et ne pensez pas tout savoir parce que vous avez lu tels ou tels conseil sur Facebook, 80% du contenu BDSM des réseaux sociaux est à même de vous induire en erreur!).

Ensuite, exercez-vous. Commencez par des outils simples (la cravache, le flogger), un oreiller pour l’impact et le maniement, ou un arbre et ses feuilles pour la précision, puis sur vous-même histoire de comprendre l’impact et la douleur ressentie. Le conseil associé est logique, mais souvent oublié : privilégiez le matériel de qualité! Un martinet en PU et en cuir n’ont rien à voir à l’impact, un bon wand et un rabbit low cost non plus, des cordes en nylon peuvent être dangereuses, tout comme des pinces a seins mal équilibrés…

Continuons par la méthode de recherche…Je vous conseille fortement le réel, les Munch, les Donjons…Vous y rencontrerez de vraies personnes, ensuite vous y trouverez des exemples, pourrez vous imprégner de l’ambiance, de la synergie entre les partenaires, des pratiques, des précautions, etc.

Il n’y a pas un seul endroit en France où il n’y ait ni Munch ni donjon à 100km à la ronde…Et si, à mon sens, vous n’êtes pas prêt à faire preuve d’humilité face à des pratiquants qui vous identifieront de suite comme néophyte, prêt à payer une entrée en donjon, prêt à faire 2 heures de voiture ou de transports, à dépasser votre peur de l’inconnu et/ou de rencontrer des “pros”, ou peur du jugement si vous faisiez ou disiez une boulette, je pense qu’il faut vous demander si oui ou non vous êtes prêt.

Être Maître, je l’ai déjà dit, demande du temps, de l’investissement, de l’entraînement, de la prise de conscience, de la responsabilité, mais aussi une forte dose d’humilité, face aux autres, face à votre partenaire, et face à vous-même! Nous avons tous été débutants, et jusqu’ici, je n’ai jamais rencontré de pratiquant qui ne soit pas prêt à vous renseigner et à vous aider, pour peu que vous ne rouliez pas des mécaniques, ne mentiez pas sur votre expérience et vos attentes, et restiez respectueux évidemment!

Comme on dit, il y a une grande différence entre voir et savoir. Un peu comme voir Top Gun versus avoir déjà dépassé le mur du son. Ou jouer à FIFA devant son écran versus jouer contre le Bayern au stade de France! Ou comme avoir pratiqué le virtuel versus le réel. Ce sont des choses totalement différentes, alors par pitié messieurs (mais c’est valable pour les soumises également!), ne vous croyez pas Astronaute parce que vous avez vu Apollo 13! (Je pense que c’est clair, sinon j’abandonne !!!). Ayez l’humilité de le comprendre, et je peux vous assurer que personne ne vous jugera de vouloir apprendre!

Maintenant que vous avez compris votre rôle, vos responsabilités et l’investissement nécessaire par la lecture, l’écoute, que vous avez vu pratiquer et reçu des conseils de qualité, que vous vous êtes exercé et savez reconnaître du matériel safe, sans danger et capable de fournir le ressenti que vous souhaitez, vous avez gagné en assurance, en connaissance, en “professionnalisme”. Vous rencontrez alors quelqu’un, via le web, via un espace physique, une rencontre fortuite, souhaitant être initiée, ou votre partenaire de vie avec qui vous souhaitez vous lancer, il va falloir faire vos preuves…
La première séance sera probablement comme votre première fois au lit… Rapide, maladroite, possiblement peu efficace, voire douloureuse. Surtout si vous vous lancez à l’aveugle avec un paddle ou un martinet! Imaginez la déception de votre partenaire si vous lui cachez votre inexpérience, elle qui s’attendait à vivre une expérience exceptionnelle! Donc mon conseil est le même que plus haut, soyez suffisamment HUMBLE et HONNÊTE pour lui parler sans mensonges, dissimulations ni cachotteries. Ainsi, vous pourrez COMMUNIQUER à égalité, vous livrer avec confiance et arriver à l’avant-dernière étape : préparez votre premiere séance avec cette personne.

Une séance, peu importe votre nature, c’est un moment particulier, pour vous deux! Plus vous contrôlerez la situation, les éléments, les enchaînements, l’ambiance, l’accessibilité, etc. moins vous laisserez de place à l’inconnu. S’il a du bon passé un certain niveau, je vous déconseille de laisser quoi que ce soit au hasard dans les premiers temps. Sachez que même aujourd’hui, j’aime à préparer mes séances pendant des jours, parfois plus d’une semaine. De la température de la pièce aux outils utilisés, en passant par les objectifs de la séance, les attentes et les pratiques pour y parvenir. Ainsi, vous serez davantage en maîtrise, et donc en confiance. Elle le ressentira, et le vécu sera encore meilleur!

La séance arrive, tout est prêt. Profitez-en, dialoguez, laissez durer, prenez votre temps. Laissez-là ressentir, s’imprégner, s’inquiètes, s’angoisser, goûter, sentir, entendre. Riez, une première c’est un bon moment, pas besoin d’une ambiance de tombeau ! Vous êtes consentants, et novices, vous le savez tous deux, mais vous avez envie l’un de l’autre tous deux alors…quel mal y a-t-il à s’amuser ! Cependant, restez tout de même concentré lorsque nécessaire. Vous découvrirez sûrement chez elles des réactions inattendues : analysez-les toutes, et au moindre doute, vérifiez son ressenti… Mieux vaut prévenir que guérir ! Qu’elle soit votre compagne depuis 10 ans ou votre Play Partner pour la première fois, l’intensité, l’ambiance, bref tout votre travail en amont rendra ce moment unique…ses réactions seront donc potentiellement uniques elles aussi. Une méprise arrivant vite, mieux vaut « casser l’ambiance » musicale et enivrante d’une fugue de Bach que de blesser ou de traumatiser votre soumise, non ?

La séance terminée, prenez le temps…la redescente est rude, un milliard d’émotions peuvent se mélanger. Restez avec elle, et pensez-vous aussi le temps de revenir sur terre. La tendresse est un baume aussi efficace que de la crème sur des marques (prévoyez-le également si vous êtes sur une séance d’impact !). Ensuite, la terre reprend sa rotation normale, enlacée, en mode confidence, débriefez, c’est au moins aussi important que la séance elle-même, ne serait-ce que pour préparer la suivante, mais aussi pour votre propre baromètre. Qu’avez-vous fait de bien, de mal, de maladroit. Qu’a-t-elle préféré trouvé extraordinaire, ou au contraire banal. À quel moment le timing était bon, à quel moment il ne l’était pas, bref tout ce qui pourrait 1-vous rendre plus performant, dans quelque phase que ce soir, et 2-vous permettre de lui faire ressentir davantage de plaisir dans sa soumission.

Voilà, comme on m’a dit récemment, vous avez maintenant toutes les clés, tâchez d’en faire bon usage, d’ouvrir avec elles les bonnes portes, au bon moment !
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne et belle séance !!!

A suivre, l’interview d’Ayamé…

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