Réflexions intérieures
Comme dans n’importe quelle relation entre deux personnes, vivre son quotidien n’est jamais un long fleuve tranquille. Vous dire que mon parcours et sans faille serait mentir. Chaque jour avec mon Maître s’impose comme un évidence, je n’ai plus aucun doute à ce sujet. Mais malgré tout certains questionnements persistent en mes pensées… J’appréhende et compose ma vie de soumise avec des notions telles que la solitude, le “partage” et la dépendance. Tout cela n’est pas toujours facile à vivre au quotidien. Je me heurte alors à quelques souffrances régulièrement, et l’écrire me fait du bien. Aujourd’hui, j’apprends à composer avec mon caractère et je travaille à améliorer mon comportement, mes schémas de pensées surtout. Je m’applique à changer pour continuer à vivre ma soumission pleinement et en préservant ma relation, sans faire déshonneur à mon Maître, sans gangrener de négatif notre relation.
Pour agrémenter cet article, des photos exclusives de notre dernière rencontre 😉
Mais alors comment s’améliorer? Comment mettre de côté ses attitudes si négatives et anti-constructives, qui me parasitent la vie et ne sont pas dignes d’un comportement de soumise ? Le tout n’étant pas de ravaler ses peines et d’intérioriser ses pensées dans un mutisme total. Cette attitude ne sert à rien sauf à cacher ses émotions à son Maître et s’éloigner un peu plus de lui en creusant l’écart à chaque instants de silence. J’ai fait plutôt le choix évident d’en parler toujours (non sans complexes), de rester totalement transparente avec lui quant à mes émotions. Par contre, il ne faut pas non plus que cela devienne le sujet central de nos conversations et que je ne finisse par fatiguer mon Maître avec mes états d’âme égoïstes.
Nous avons marqué une période de “séparation” cet été mon Maître et moi pour nos vacances respectives, j’ai eu du mal à vivre ces quelques semaines et les temps avaient été très durs… Après cette difficile passade, nous accusons aujourd’hui le poids de nos vies parallèles, qui nous imposent une certaine distance entre nous. Je dois faire face à des sentiments pesant tel que la solitude et le manque également. Toujours plus demandeurs l’un et l’autres, malgré notre proximité géographique, nous manquons aujourd’hui de temps et de disponibilité pour passer des moments ensemble, mais aujourd’hui il faut vivre avec et accepter les choses comme elle sont tout simplement. Alors chaque fois j’essaie de me préparer psychologiquement à la séparation, et j’essaie aussi de visualiser ces moments loin de lui de la façon la plus positive possible.
Je rédige donc cet article pour extérioriser mes émotions, mais aussi pour témoigner mon histoire à toutes les personnes qui se trouvent également dans ma situation car je sais qu’elles sont nombreuses. Je souhaite soutenir ses personnes et leurs montrer à quel point je peux partager leurs ressentis.
Quand la solitude pousse à la réflexion constructive
Je pense à nombre de ses soumis(e)s qui “partagent” leurs Dominant(e)s. Lorsque ceux-ci sont en couple, lorsqu’il ont une vie vanille parallèle. Et donc de l’absence constante et répété que ses relations induisent, du manque de disponibilité aussi, combien cela doit être difficile à vivre parfois. Certains aussi vivent loin l’un de l’autre, j’imagine alors à quel point cela peut être dur à supporter… Je pense que c’est à chacun d’accepter la relation qu’il entame en tout état de conscience de leurs situations, de leurs sentiments et de leurs disponibilités l’un pour l’autre. Et à chacun aussi de se mettre au clair avec cela. Je n’ai jamais désiré rencontrer un homme qui ai une vie sexuelle vanille en parallèle, à vrai dire surtout, je n’ai jamais réfléchi à cela, et je cherchai simplement un Maître, peut m’importai du reste, et de toute façon, je n’aurais jamais osé imposer quoi que se soit à ce sujet, ni même sélectionner un Maître selon ce critère. Chaque relation BDSM que j’observe virtuellement autour de moi est différente, certains s’aiment, d’autre s’en cachent, certains vivent leurs sexualité SM sans la partie D/s, certains voient cela comme un simple amusement, et d’autre en font un véritable mode de vie. Je pense que chaque soumis(e) espère vivre sa situation rêvée, mais le véritable soumis par nature, dès lors qu’il accède à se faire soumettre à quelqu’un doit accepter son Maître comme il est, et prendre en lui ce qu’il lui donne sans en attendre davantage. Contre toute attente, je pensais être de ceux qui en désirent de trop, mais très étonnement, je me suis faite surprendre à en obtenir plus que je ne m’imaginais en recevoir…
Plus ma réflexion avance et plus je comprends qu’il existe autant de nuances de soumission qu’il existe d’hommes sur terre. Et que malgré tous les “standards” (bien qu’absurdes à mes yeux pour la plupart) de bonne conduite de la communauté BDSM, il n’existe pas de “moule” de la soumise parfaite.
Personnellement je penses être une femme très sentimentale, sensible et réceptive. Mais j’ai toujours cherché à faire des rencontres BDSM simplement pour la relation sexuelle, sans réfléchir à tout le reste. Je comprends aujourd’hui que j’ai désiré cela pour ne pas m’investir dans les relations que j’entamais et ainsi me protéger: n’y mettre aucuns sentiments, point. Dès lors que j’imaginais ces relations dans l’assentimentalisme le plus total et la déconsidération, je n’en avait que faire de la situation personnelle du Dominant qui me prendrait en main. Aujourd’hui, dès la toute première rencontre avec mon Maître j’ai été bousculée dans mes représentations. Depuis, de nombreux questionnements ont germé en moi. Je crois que je peux maintenant affirmer que c’est grâce à cela que je suis autant soumise à ce jour, parce que je sens la subtilité dans notre relation, je ne me fait pas simplement baiser froidement et jeter comme un mouchoir usagé. Je me suis donné totalement à lui et je lui ai donné accès à toute les facettes de ma personne, toutes sans aucunes limites, sans restriction ni pudeur. J’en suis devenue totalement fragile et vulnérable, mais aujourd’hui grâce à cela, je n’ai jamais été autant offerte et surtout dépendante… A la fois dépendante de mon Maître, de mon plaisir et de mon épanouissement à être sa chienne, de la relation que je vie avec lui.
Je réfléchi beaucoup au sens de la soumission en général et aux relations D/s. J’en viens à penser que le ou la soumis(e) est totalement “dominant-dépendant” et tout son bien être et son épanouissement repose entre les mains du Maître. Les relations D/s abouties sont simplement l’heureux résultat de la rencontre entre deux personnes qui se complètent, s’écoutent et se ressentent mutuellement, se guident. L’un répond ainsi aux attentes de l’autre d’une juste façon et là je suis persuadée que de grandes choses peuvent se produirent, des belles métamorphoses, des soumises qui s’ouvrent, s’épanouissent, se soumettent réellement, avec un réel don de soi : absolu. Obtenir ce genre de relation est exceptionnel pour celui qui la vie, et cela devient la consécration première pour moi, tout mettre en œuvre pour être une soumise qui saura au mieux obéir et mettre à profit les agissements de son Maître, mettre en valeur sa soumission, son éducation et rendre toute son estime et sa considération de la façon la plus gratifiante et honorable à mon Maître.
Cependant, tout cet investissement personnel se retourne parfois sur moi. Je suis si investie avec lui que naissent des comportements qui ne relèvent plus de la soumission, et alors même si infime, ma nature caractérielle réagit elle aussi à ces situations, et l’acceptation se fait difficile. Je restais, reste et resterais toujours à ma place de soumise, jamais ne me viendrais l’idée d’aller empiéter dans sa vie personnelle par exemple, ou d’imposer mes idées à mon Maître. Malgré cette attitude naturelle et tout à fait honorable, je subis cependant la solitude, le manque et la dépendance qui sont des sentiments contre lesquels je ne peux aller spontanément et sans difficultés.
Je ne peu pas (et je ne désire pas) avoir d’autres relations en dehors de lui, cela me serait juste impossible, inimaginable. Je n’ai vraiment d’yeux que pour lui et lui accorde une disponibilité totale et constante, je n’imagine pas ma relation différemment. A l’inverse, la situation de mon Maître vis à vis de moi ne lui impose rien quant à sa disponibilité et son investissement pour moi. Je sais qu’il à sa vie parallèle et personnelle, et je la respecte totalement, mais il n’en est pas moins que parfois cela m’attriste car dans des moments comme ceux-ci, je vis la solitude par son absence. Je pense désormais que je dois apprendre et accepter ne pas pouvoir tout avoir dans la vie et faire des choix intérieurs plus matures. J’apprends ce qui sur papier paraît tout naturel mais beaucoup plus difficile à accepter finalement : j’appartiens à mon Maître mais mon Maître lui ne m’appartiens pas. Afin de vivre plus en paix et sereine, il me reste à faire un certain chemin intérieur et accepter un jour l’idée que je ne pourrais de par ma condition avoir tout ce dont une femme de mon âge rêve parfois. Parce que dans le fond je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas. J’ai trouvé en lui l’épanouissement sexuel et l’équilibre au quotidien, et que pour rien au monde je ne voudrais changer cela. Je dois comprendre que je fais certains compromis non pas comme des sacrifices mais comme des actes de soumission et de don de moi. Je ne prends pas assez conscience de mes priorités parfois et me fait bien trop capricieuse, j’en ai bien conscience aujourd’hui…
Je dois apprendre à faire le deuil de ma vie vanille, au même titre que je dois accepter moi même ma différence et que bien malgré moi je dois le reconnaître : jamais je ne rentrerais dans le moule. C’est ainsi, et c’est tout. M’ouvrir plus encore dans ma soumission et appréhender la solitude non pas comme une souffrance vanille, mais comme un don de soi supplémentaire et subtil qui à d’autant plus de valeur que n’importe quelle belle parole en témoignage de ma soumission pour lui. La solitude m’est dure à vivre simplement parce que très égoïstement je vois la frustration du manque de sa présence.