Soirée décomplexée
J’ai tout prévu dans les moindres détails, une façon personnelle de me sécuriser toujours, lorsque j’angoisse. Je pris la route pour deux heures de bonheur ! C’était délicieux, les plaisirs simples et doux de la vie…
De la bonne musique dans les oreilles et le chaleureux décor alsacien d’automne pour seuls compagnons de route. Les maisons de colombages aux couleurs chaudes défilaient et les arbres aux nuances de rouge, marron et jaune orangé faisait place lorsque la civilisation disparaissait. Les rayons du soleil qui les traversaient en faisceaux lumineux dessinaient sur moi des patchworks d’ombres et de reflets qui défilaient à toute vitesse. J’étais bien, je me retrouvais enfin avec moi-même, comme cela m’arrive si peu ces temps-ci.
Il faisait beau, il faisait bon et mon cœur était en joie. La recette simple qui résout l’équation de mon bonheur.
J’arrive dans la petite maison que nous avions loué pour quelques jours mon Maître et moi. J’y pris mes aises, installais mes affaires, remplissais le réfrigérateur. J’inspirais profondément en m’installant sur petit canapé moelleux du salon. Je pris peur tout à coup, c’était la première fois de ma vie que j’allais passer quelques jours avec un homme qui me soumet. Je ressentis comme un coup de pression très angoissant, que je décidais de dissiper aussitôt. Je filais sous la douche pour mettre mon corps en condition. Je mis de longues minutes à me détendre, mais j’ai fini par y parvenir.
Ensuite, je décidais de me préparer pour le recevoir. Je pris le temps de me faire belle pour lui. Agrafant mon soutien-gorge, remontant mes bas pour les accrocher au porte-jarretelles, je m’habillais selon ses convenances : une jupe écolière que j’affectionne particulièrement et mon chemisier blanc, simple mais efficace. Aussi, j’enfilais ma cagoule avant de révéler ma bouche d’un coup de rouge à lèvres criard.
Une fois prête, je l’attendais au milieu du petit salon, à genoux sur le très joli carrelage d’imitation bois.
J’étais nerveuse, angoissée, je n’avais aucune idée de ce à quoi je pouvais m’attendre avec lui ce soir. Je lui ai *enfin* donné mon consentement au sujet du point de rupture pour cette nouvelle rencontre. Seulement, m’amènerait-il jusqu’à rompre ce soir-là ? J’étais assez inquiète, même si cela fait maintenant des jours que je rêve chaque nuit sans exception de recevoir la badine jusqu’au sang.
William passait le pas de la porte, à quelques mètres de moi tandis que je n’avais pas fière allure. Les yeux rivés sur le sol, je l’entendis se mettre à l’aise, puis me tourner autour. J’étais inquiète, je me mettais une pression supplémentaire qui m’empêcha le lâcher prise sur l’instant. C’est toujours très rude pour moi de donner du lest à quelqu’un qui foule de ses propres pas une terre jadis conquise par un autre et désormais devenu champs de ruines abandonné. J’accepte l’idée qu’il fasse de mes contrés intérieures des parcelles toutes entières de jachère et le laisser ainsi doucement prendre ses marques en moi. Même si à chaque étapes, aussi petite ou grande soit elle, l’angoisse est toujours présente. J’ai confiance en lui, alors pourquoi résister… ?
Sa présence, à mes côtés, me rassure. Malgré tout, ce sentiment de solitude ne me quitte pas, je suis avec lui, mais seule, j’établis un certain « code des résistances » qui me conditionne un moral d’acier ce soir-là. Je lui offrais mes limites, alors autant en rester digne et aller jusqu’à concrétiser ma pensée.
Il ne lui fallut pas une minute dès son entrée dans la pièce pour s’investir de la cravache afin de communiquer avec mon corps. J’eus l’ordre de bien me cambrer pour ainsi recevoir de vifs coups sans le moindre préambule. Même si j’eus les nerfs bien accrochés, ma sensibilité, quant à elle, n’avait dans l’idée que de s’exprimer. J’ai serré les dents très fort et froncé les sourcils comme pour ravaler ces émotions fortes. C’est alors que je me suis mise à tout intérioriser, même si je débordais de partout : mes genoux eurent vite du mal à me porter, mes bras se mirent à trembloter et ma larme couler. Le souffle court et la voix inaudible, je n’eus pourtant qu’un « oui » ferme et décidé à lui servir lorsqu’il s’agissait de me sonder pour savoir s’il pouvait continuer.
Par délicatesse et modération, Monsieur m’offrit du réconfort à sa façon. Il me fit m’allonger sur le canapé dans lequel je me suis aussitôt senti incroyablement bien. Je reposais mon corps pour l’abandonner plus facilement. Je sentais le velours doux et délicat caresser mon fessier sensible et brûlant et j’apaisais la Clarisse esseulée en moi. Car rompre, c’est aussi ça : quitter l’autre pour ne se retrouver qu’avec soit. Simplement, pour l’heure, William désirait rester à mes côtés et moi, je ne souhaitais pas le quitter. Ainsi, il m’ordonna de me branler avec quelques wands de ma petite collection personnelle.
Ensuite, il me demande de le dévêtir. Je m’exécute. M’installant aussitôt à genoux à ses pieds, je délasse ses chaussures, les lui retire, puis les chaussettes et le pantalon. Je frotte ma joue tout contre son sexe chaud au travers de son boxer. J’aime toujours me frotter ainsi telle une petite chatte qui réclame les caresses. Je trouve ce geste d’une tendresse “bdsm” touchante, aussi puissant dans la soumission et au fort pouvoir sexuel. J’entrouvre la bouche et passe en mordant légèrement le long de son sexe. Je sens sa bite durcir sous la fine couche de tissus et laisse le plaisir monter dans cette pointe de frustration que fait naître la barrière du boxer entre lui et ma bouche offerte.
L’instant suivant, je le dénudais complètement. Sérieuse et appliquée, je pris soin de n’oublier aucune parcelle de son anatomie avec ma langue. Petit à petit, l’effet de mes doigts agiles sur lui, mêlés à de stratégiques coups de langue fit monter d’un cran la température. C’est donc à pleine bouche que je décidais ensuite de le prendre, comme à mon habitude, avec beaucoup d’application.
Ses mains bien en prise dans ma chevelure, il s’évertuait à faire de vifs va-et-vient tout au fond de ma gorge sans le moindre ménagement à mon propos. J’adore vraiment ça, lui aussi. Je me sens là si chienne, c’est avilissant et ça m’excite toujours au plus haut point.
Debout, cambre-toi, je vais te prendre.
Et là, sans préambule, voilà qui me prend sur la table de la cuisine. Mes deux mains bien en prise sur les bords de celle-ci, je le laisse m’envoyer de vifs coups de reins. C’est la première fois qu’il s’empale en moi de cette façon, sans protection. C’est un moment très important pour moi, le rapport charnel dans l’acte devient incroyablement plus grand, et c’est terriblement excitant que de savoir son Maître prendre réellement possession de mon corps de cette façon. C’est sûrement insignifiant pour bon nombre de gens, mais pour moi, c’est important, rares sont les hommes qui m’ont prise sans cette « barrière » de latex qui nous protège de bien des choses, au-delà des IST.
Rien n’était alors prémédité, mais sentir enfin son corps « nu » me pénétrer prend une dimension tout autre : nos corps communiquent parfaitement. Son sexe prend réellement possession du miens, pour y déposer un peu de lui, de son lui intime tout au fond de moi, de mon moi intime. Plus rien ne fait alors barrage entre nous, et c’est très fort pour moi. Pour lui aussi, je crois. Cette différence qui pourrait ne pas avoir d’importance décuple pourtant toute l’érotisation de la pénétration qu’il me fait vivre, là maintenant.
Dans l’ivresse de l’instant, son plaisir monte crescendo et la jouissance approche… Il se retire pour me laisser m’agenouiller une fois encore, reprendre la place qui me va le mieux, la tête à hauteur de ceinture. Je goûte sur son sexe nu toute la mouille que j’y ai déposé, lui en moi, moi sur lui. Nos fluides se mélangent si bien, nous ne faisons plus qu’un…
La tête entre ses cuisses, je lèche et happe avec délicatesse ses couilles qui se contractent de plaisir, j’écoute ses doux râles et m’applique scrupuleusement tandis qu’il se branle au-dessus de mon nez. Il ne lui faut que peu de temps pour décharger enfin et m’arroser toute la poitrine de son sperme chaud et abondant.
Je le regarde dans les yeux avec une touche de satisfaction personnelle, mêlée à un peu de fierté, celle de l’avoir conduit au plaisir, de me sentir en communion avec lui. Je laisse un instant son foutre couler délicatement sur moi, j’ai l’air si salope en l’instant, usée et souillée pour les bons plaisirs de cet homme et porte sa semence sur moi en guise de récompense pour bonne conduite. Je me suis appliquée et tout ce sperme, je crois l’avoir bien mérité. Il valorise très joliment ma poitrine. Les choses s’adoucissent, il me regarde droit dans les yeux en me caressant la joue avec tendresse, je perçois dans son regard toute la bienveillance et la fierté de me voir ainsi couverte de lui.
Là, je suis heureuse, je me sens parfaitement bien.
Je finis par lui proposer de s’installer sur le canapé avant de partir me laver. Je nous sers ensuite deux verres de bon vin avec des amuse-bouche. Dans la lumière tamisée du salon, je place un coussin en face du canapé, de l’autre côté de la table basse, et, sans en attendre l’ordre, m’installe de moi-même à genou face à lui. Je suis heureuse d’avoir réussi à dissiper cette angoisse qui m’habitait jadis.
Nous finîmes par boire, rire, chanter, partager quelques petits plaisirs simples de la vie jusqu’au bout de la nuit…