Le jugement
Les évènements récents me poussent à la rédaction de cet article. Le jugement est partout. C’est franchement malheureux, mais c’est comme ça. Parfois, les personnes qui vous jugent dépassent clairement les bornes, et cela peux vous faire très mal. Le jugement, ça détruit des gens.
Elle est si fragile, être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile.
Il est un pan de ma vie aujourd’hui qui change radicalement. Quelqu’un est rentré dans celle-ci là où je l’attendais le moins et il à tout chamboulé sur son passage. Je ne pensais pas cela possible. Mais comme il le dit si bien ; il ne faut jamais dire jamais. Ce blog n’est pas conçu pour que je vous parle de cette partie-là de ma vie, d’ailleurs, si je vous en parle, c’est parce que cette situation m’a conduite à quelques problématiques dont j’aimerais parler avec vous…
Par la force des choses, certaines personnes totalement étrangères à mon monde, des personnes que je ne connais pas et qui ne me connaissent qu’à travers mes écrits se permettent bien des avis à mon sujet…
Cela me renvoie à bien des tristesses, des constats que j’ai fait depuis très longtemps. Souvenez-vous de mon article Je ne suis pas normal qui faisait état d’une souffrance infinie que de ne pas être une femme sexuellement « normale ». Cette normalité que le monde nous impose, mais dont le monde lui-même souffre. J’ai compris avec le temps que j’étais différente car j’avais décidé d’être libre. Contrairement au monde, je n’avais pas envie de souffrir. J’avais le désir d’être libre et de m’aimer telle que je suis sans jamais chercher à dénaturer ma personne. Clarisse est une femme libre, unique et particulière. C’est sans doute ce qui fait ma force quelque part, mais c’est aussi ce qui fait ma fragilité.
C’est comme marcher dans un bain de foule à contre-sens.
La métaphore est parfaite : les gens dans cette foule pour la plupart, ceux qui sont loin, vous ignorent. Beaucoup sont peut-être même comme vous, sauf qu’ils marchent dans le même sens pour rentrer dans le rang, par peur, par dépit, par confort. Certains vous contournent, avec respect, ou indifférence. D’autre vous dévisage avec mépris et quelques plus rares vous bousculent carrément. Et si vous répliquez car vous ne vous laissez pas faire ; c’est une guerre que vous déclarez.
Alors, c’est très simple. Soit vous êtes fort et malgré tout ces combats permanents vous tenez bon, soit vous plier, par la force de tous ses petits combats, vous êtes usé et vous jetez l’éponge. J’espère de tout mon cœur que ce jour là n’arrivera jamais pour moi…
Plus jeune, j’avais très peur, j’étais candide. Je décidais de suivre un chemin tout tracé, comme tout le monde. Le fameux monde. Et un beau jour, on m’a fiancé… Et là, j’ai craqué. Cette vie-là n’était pas là mienne, et ce jour-là, j’ai compris que ma vie deviendrait un perpétuel combat. Un combat pour être heureux, un combat pour le bonheur, pour la liberté.
Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre, et j’ai gagné ma bataille intérieure. J’ai appris ce qu’il fallait dire ou ne pas dire, à qui surtout. J’ai appris à marier toutes mes vies pour être entière dans chacune d’elle, pour les faire cohabiter harmonieusement. J’ai appris toute la criante vérité de cette phrase « pour vivre heureux, vivons cachés », ce fut très dur, et d’ailleurs, ce n’est vraiment rien de le dire. J’ai perdu beaucoup d’amis, j’ai été jugé plus d’une fois, très durement. J’ai dû plaider ma cause envers et contre tous, encore et encore, j’ai du apprendre et puis essayer de faire comprendre que je n’étais pas un monstre et que j’avais le droit d’être une femme respectée tout en ayant des désirs de soumission et de maltraitances sexuelles auxquels j’aspire depuis toujours. Que j’avais le droit de trouver mon bonheur dans la soumission et que me faire mal physiquement contribuait grandement à mon bonheur.
Le plus dur à comprendre, c’est que cet équilibre tant recherché n’est jamais un acquis. La vie que je mène est un combat permanent. Un combat pour se préserver du regard de certaines personnes, une bataille contre les critiques malveillantes, une lutte contre le jugement qui plane partout sur nous.
Mon équilibre est fragile ; il est menacé perpétuellement. Il l’est pour une seule raison… Une seule : les autres.
L’enfer, c’est les autres.
Rien ne sera jamais aussi vrai que cela. Nous savons tous au fond de nous qui nous sommes, nous n’avons pas besoin d’étiquettes. Simplement, pour tout ce qui touche à notre environnement extérieur, c’est différent.
Combien de personnes se cloisonnent jusqu’à se forcer à l’hétérosexualité alors qu’ils sont homosexuels ? Combien s’empêchent de vivre leurs fantasmes, car ils les pensent inavouables et honteux ? Combien se forcent à être des gens qu’ils ne sont pas pour rentrer dans le moule? Les cases… Ces fameuses cases… Celles qui ne correspondent à personne… Car nous sommes tous tellement différents et uniques. Voilà pourquoi aimer l’autre, l’accepter, c’est l’aimer tel qu’il est, dans son entièreté, même pour ce qui nous déplaît chez lui.
Aujourd’hui, j’ai rencontré cette personne fabuleuse qui a tout naturellement décidé de m’accepter toute entière, la jeune femme que vous ne connaissez pas ici, mais aussi Clarisse, ces deux parties de moi. Cette personne qui m’aime avec mon corps, avec mes désirs, avec mes défauts, mes qualités aussi. J’ai appris l’amour grâce à lui et je remercie le destin de l’avoir mis sur mon chemin…
Je n’ai rien à lui vendre, je n’ai aucune prétention, je suis juste moi, avec mon combat, et ma perspective d’évolution. C’est ce qui lui plaît, ce qui nous plaît.
Seulement, la réalité nous rattrapera toujours… Être libre aujourd’hui, c’est assez fou à dire, mais cela se paie très cher. Ma liberté déplaît, elle déplaît très fortement même. Je sais que certains sont prêts, sans même me connaître à dépenser des sommes folles pour me faire disparaître, des gens qui n’ont pas compris que l’amour et les sentiments n’avaient pas de prix. Des gens qui dépensent une énergie folle à noircir mon tableau pour influencer les gens qui m’apprécient, prêt à toutes les méchancetés pour arriver à changer mon image dans le regard de celui qui m’estime pour ce que je suis. Ceux-ci n’ont pas compris que certaines évidences n’ont pas besoin de discours et encore moins de morale.
Ceux-ci n’ont pas compris le caractère tellement obsolète que le concept de « bien-pensance »
Aujourd’hui, j’ai envie de le crier sur les toits de la terre toute entière ; je ne suis pas parfaite, mais je suis moi, entière, sincère et je ne suis pas un monstre !
Ma sexualité fait-elle de moi une femme qui ne sait/ ne peux pas aimer ? Fait-elle de moi un rebut de la société ? Fait-elle de moi une femme qui ne peut pas vivre une vie sociale et familiale normale ? Ma sexualité fait-elle de moi une femme qui ne doit pas nourrir de désirs comme celui d’être “femme de” et d’enfanter ? Ferait-elle de moi une moins bonne mère ?
Tout ce que je sait c’est que ma sexualité ne m’empêche pas de désirer tout cela, sans doute même plus fort encore que quelqu’un de “normal”.
J’aime mon prochain, je ne lui veux aucun mal et si j’ai envie d’un monde meilleur qui ne se borne pas qu’à des cases, c’est par moi que cela commence. Je n’ai aucune rancœur face à celui qui me critique, celui qui me descend, car je sais que c’est celui-ci même qui en souffre le plus entre nous deux. Quand la personne en question comprendra vraiment que je ne la juge pas, que je l’accepte, peut-être alors que son regard changera sur moi, et que la réaction soit en chaîne… Une chaîne infinie et sans fin.
Vivons heureux et aimons-nous ! (Je ne le dirai jamais assez)