La soumission au quotidien
Il y a quelques années encore, je n’avais aucune idée de ce que pouvait signifier la soumission à proprement dit. La « vraie » soumission à mes yeux, la plus complète, constante et désirée, sans aucune restreinte. Nous ne sommes jamais très loin de l’idée du lâcher prise, celui dont je parle en permanence. Ce sentiment puissamment libérateur que je cherche à atteindre un peu plus tous les jours. Me donner pleinement et sans limites, les yeux fermés. Pour y arriver, je me soumets donc au quotidien, très naturellement et cet article va vous expliquer de quoi il en retourne avec exactitude.
Certainement, j’imagine qu’il est beaucoup plus facile de se soumettre de façon ponctuelle, seulement lors d’une séance, ou en intérim. Certains d’entre vous vivent leurs soumissions ainsi : par intermittence. Vous vivez ces instants intensément, puis lorsque vous passez le pas de la porte, vous redevenez la femme ou l’homme libre et émancipé que vous avez toujours été. Vous soumettre vous fait du bien, c’est salvateur, mais il y a des limites à tout, et vous aimez bien au-delà, redevenir vous-même ensuite, probablement beaucoup moins soumis. Je comprends parfaitement ce genre de schéma même si je ne le partage pas, je crois même que vous êtes très nombreux dans ce cas de figure.
Tout ça pour vous dire qu’aujourd’hui, je vais vous parler de tout l’inverse, puisque je me sens beaucoup mieux placée pour vous parler de ce que je vie, sans en faire de généralité, seulement vous témoigner mon positionnement, mon ressenti. Je vais donc aborder aujourd’hui comment je vis ma soumission au quotidien.
Mon tempérament est ainsi fait, je suis soumise et cela est bien ancré en moi, pas d’ambivalence possible. Cela ne signifie pas que je suis une bonne poire bien au contraire, mais j’ai ce trait de caractère tout naturel qui m’attire vers un état de soumission permanent et très marqué. J’aime me sentir sous la coupe et sous la responsabilité de quelqu’un, même si par la force des choses, j’ai appris aussi à être seule, sans accompagnement. Je suis quelqu’un d’ultra autonome justement, j’ai appris à voler de mes propres ailes et c’est très bien comme ça. J’aime à être une femme de caractère, organisée et très active. J’aime toucher à tout, et apprendre de moi-même, cependant, lorsque je sens une force supérieure proche de moi, quelqu’un vers qui me tourner, quelqu’un qui prendra un plaisir certain à m’épauler ou m’instruire, m’inculquer, me superviser, je suis naturellement attirée et ce processus m’est presque inconscient. J’aime à sentir la supériorité de quelqu’un sur moi, à la seule condition que dans mon esprit cette personne-là l’est réellement (qu’elle le revendique ne me fait rien, il faut obligatoirement que ce ressenti vienne de moi) je développe alors un certain sentiment d’admiration et commence petit à petit à me donner à la hauteur de ce que mon « dominant » me réclame.
Jusqu’alors, j’ai plutôt bien réussi ma vie, un peu grâce à ma soumission et aux « dominants » que j’ai pu croiser sur ma route. J’ai trouvé tout au long de mon cursus des personnes qui assumaient ce rôle à mes yeux à merveille, aussi rares soient-elles malgré tout, toutes bienveillantes et élévatrices. Aujourd’hui encore, j’ai une estime pour tous ces gens qui auront pris une place à part entière dans ma vie. Les dominants foncièrement mauvais, pratiquant l’abus de faiblesse, le racket intellectuel (le racket sous toutes ses formes à vrai dire, que cela touche au temps, à l’estime de soi, au bien intellectuel ou foncier) ne m’ont jamais intéressé d’aucune sorte. A vrai dire, je déteste ces gens, je leur crache au visage, et leurs pressions sur moi n’aura jamais abouti, même en y mettant une énergie folle. Je crois même que je suis assez difficile si l’on peut dire ça. Ne me soumet pas qui veut, ça c’est certain. Je parle de cela parce que ce genre de personnage sévit partout, dans tous les domaines : les relations de couple, la sphère familiale, professionnelle et même amicale. Il existe partout de vrais dominants néfastes qui prennent un plaisir certain à massacrer leurs proies, les ramener plus bas que terre, à voler des vies, voler des âmes et réduire à néant le capital émotionnel et psychologique de ceux qu’ils arrivent à soumettre par la pression et la terreur. On appelle ça communément des pervers narcissiques, beaucoup plus nombreux autour de nous que nous pourrions bien le croire naïvement.
Pour en revenir aux « bonnes » personnes, cela justifie en quoi les gens déteignent tant sur nous, cela justifie en quoi je me suis parfois complètement braquée dans ma scolarité et pourquoi à l’inverse j’aurai parfois tout donné pour certains super professeurs, avec qui tout à coup, miraculeusement je n’avais plus aucuns soucis d’attention en cours ni d’assiduité au travail. Sur les mêmes années, selon l’enseignant, je pouvais à la fois être le jour et la nuit. Avec mes histoires sentimentales, le schéma était le même, j’ai parfois été garce, virulente et sans aucune considération pour certains véritables connards prétentieux, et parfois tout l’inverse ; prête à tout donner les yeux fermés.
La soumission s’applique sur absolument tout, et le penchant sexuel n’en est qu’une maigre partie. Notre relation mon Maître et moi dépasse amplement la sphère sexuelle, comme je le signifiais précédemment. J’aime donc à ce qu’il me guide et me soumette sur le plus de plans possibles, surtout dans les domaines sur lesquels je le sens nettement supérieur, j’ai le désir permanent qu’il me guide par ses lumières, qu’il me prenne la main pour me montrer comment être meilleure, lui plaire davantage, et c’est ainsi que je me soumets à lui au quotidien. Ne pas remettre sa parole en question car savoir que quoi qu’il dise, cela sera bon pour moi.
La qualité du dominant n’y est pas pour rien :
Pour se soumettre jour après jour, (c’est sûrement un peu déplacé de sortir cela de ma bouche je sais, mais soyons honnête entre nous) je crois qu’il faut nécessairement se soumettre à un bon Maître. Il est parfois très facile de franchir certaines limites lorsque l’on a le plein pouvoir sur quelqu’un. C’est pourquoi un Maître se doit d’être à l’écoute et parfois peut être réussir à se remettre en question, tout cela sans que la soumise n’ai à lui demander. Le cas contraire risquerait de nuire sérieusement au caractère sain de la relation BDSM à mon sens.
Mûrir, avancer au quotidien :
La perfection n’existe pas, d’ailleurs sa définition reste propre à chacun d’entre nous. Cependant, mon rôle vise tout de même à tâcher à m’en rapprocher, me faire plus parfaite à ses yeux, selon les propres critères de mon Maître. Imparfaitement parfaite, rester à ma place et me rendre meilleure jours après jours. Mon Maître n’est pas de ceux qui visent à me faire correspondre à une image préétablie de la soumise. Ce qu’il souhaite avant tout, et ce que j’apprécie sans conteste, c’est que je reste moi, avec mon tempérament de soumise effrontée parfois, joliment imparfaite.
La vie de couple :
Mon Maître et moi ne vivons pas ensemble, et nous ne nous affichons pas en tant que couple en dehors de notre intimité, de nos moments tous les deux. Je ne saurais dire s’il est réellement possible de se soumettre dans une relation à la fois vanille et BDSM, cela arrive peut-être pour les personnes dont je parle dans mon introduction. Me concernant, je sais parfaitement que je ne pourrais être les deux à la fois. Je ne conçois pas une minute prendre le dessus sur mon Maître et accepter sa soumission la minute suivante sans tout mélanger. Ce que j’aime chez lui c’est sa domination, pas son potentiel ascendant à la vie de couple vanille. Encore faut-il rechercher les bonnes choses… Après la vague d’affluence des « 50 nuances de Grey », il est très clairement visible qu’une nuée de femme en mal de testostérone se sont revendiqués comme des soumises alors qu’elles ne sont rien de plus que des princesses en manque d’un mec qui a un peu de couilles, et qui contrairement à tous les mous du bout qui peuplent nos environnements, prennent soins de se responsabiliser pour leurs belles. A mon avis, cela n’est rien de plus que le retour de flamme d’un pro-féminisme à outrance. Certaines ont milité pour tendre à couper les couilles aux hommes et aujourd’hui, beaucoup se plaignent qu’ils n’en ont plus, moi la première, je suis un dommage collatéral qui n’a pas à l’ouvrir, sous peine de se faire dégommer dans la seconde par une horde de « mini-femens » Je chuchote toujours lorsque je dis des choses pareilles.
Concernant la vie de couple, n’importe qui sur cette terre sait parfaitement qu’un jour ou l’autre, il y a des confrontations de pouvoir, d’opinion. Des affrontements plus ou moins virulents. Rien que pour cela, je sais d’avance que je n’arriverais pas à faire la part des choses. Car même si je n’ai aucun doute sur le fait que mon Maître m’écoutera, je sais pertinemment que c’est une incitation au mélange, à l’à-peu-près. Où commence le « vanille » et où s’arrête la soumission ? Un peu voir beaucoup trop de flou artistique à mon goût. Cependant, je reste fascinée par ces femmes qui trouvent le juste milieu et arrive réellement à concilier les deux. J’adorerais être des leurs pour arriver à combler toutes les facettes de mes désirs de femme, sur des sujets bien précis en particulier.
En dehors de ces thématiques assez philosophiques, il y a aussi les petits détails qui font que mon quotidien sort de l’ordinaire.
Premièrement le vouvoiement, qui lui est totalement spontané vis-à-vis de mon Maître, me pose cependant régulièrement des difficultés. Je suis contraire à me censurer en permanence, lorsque je parle à mon Maître en public, au téléphone ou autre, tant dans le contenu que dans la forme.
Ensuite la disponibilité : J’organise l’intégralité de mon planning en fonction de mon Maître, autant que je le peux. Je suis parfaitement capable d’annuler d’importants évènements pour rencontrer mon Maître. De la même façon, lors de mes périodes de règles, je porte des tampons spéciaux pour pouvoir en tout temps lui offrir ma chatte, ce corps qui est le miens, mais qui lui appartient. Ensuite, mon mail quotidien, une façon là aussi de lui exprimer ma soumission, car tous les jours je lui adresse un assez long mail ou je confie absolument tout à mon Maître, je lui dis mes excitations, mes tourments, mes joies et mes peines. Ainsi il sait mieux que quiconque tout de ma vie, car il en est le Maître absolu.