l’oiseau en cage
{Pour illustrer cet article, mon amie Eva dans la cage du superbe Donjon de Monsieur Doberman}
Pourquoi aimer autant dormir dans une cage ? C’est parfois la question que je me pose, peut-être vous l’a posez-vous aussi, tout comme moi…
Lorsque je dors dans la cage, j’y suis réellement enfermée, enchaînée… Le collier que je porte au cou est rattaché aux barreaux par une lourde chaîne de métal. La cage étant elle-même fermée par un cadenas à code, code qu’évidemment, je ne connais pas et que je ne veux pas connaître. Quand bien même je le saurais, je crois qu’il me serait impossible d’y avoir accès de l’intérieur.
La cage est suffisamment grande pour me permettre d’y dormir, d’y bouger juste un peu.
J’aime cette cage, et lorsque j’y suis, parfois, je me dis que je dois être ridicule… Ça me fait beaucoup sourire : j’ai surtout l’air d’une enfant toute heureuse et récompensée… Car pour tout vous dire, je m’en fiche pas mal d’être ridicule ou pas.
Là ou certains se sentiraient vite paniqués, claustrophobes, angoissés d’être à la merci de quelqu’un tout en étant totalement seul et impuissant, moi, je m’y sens bien. J’éprouve un lâché prise total, j’oublie ma vie, mes préoccupations, mes problèmes du quotidien. J’oublie même la femme que je suis, celle qui est puissante, forte, qui gère sa vie d’une main de fer, qui assume tous les problèmes sans jamais fléchir sous le poids, renforcée d’une carapace de faux-semblant, de distance, d’une solitude infinie. Là, je deviens véritablement nue, fragile, un petit animal sans défense, sans filtre, sans la moindre carapace, un corps brut, une propriété, captive.
Car qui vraiment, d’entre vous tous, serait capable d’une chose pareille ? Aussi anodine semble-t’elle être, mais pourtant si engageante, si forte ?
Je permets la mise en exergue de la confiance absolue que j’ai envers mon Maître, qui pourrait, imaginons-le, me garder ainsi autant qu’il le souhaite, décider pourquoi pas de me laisser croupir dans cette cage. C’est bien là la preuve absolue que quelque chose d’assez fort et unique nous lie au plus profond de nous ; la preuve qu’il règne en Maître sur moi, sur mon corps, mais surtout sur ma psyché. C’est pour moi quelque chose de très beau à ressentir, très enivrant, totalement grisant ! Et c’est bien la première fois de ma vie que je ressens cela. Rares sont ceux qui peuvent en dire autant.
Je prends bien conscience de mon bonheur, de la chance que j’ai que la vie me permette de vivre une relation pareille !
J’ai le sentiment bien réel d’être captive… Captive de mon Maître, mais aussi de mon bonheur. Je me sens entourée, enserrée, possédée tel un objet précieux. Aussi, je suis un corps, un corps esclave de son plaisir, que l’on use et que l’on range pour la nuit.
Je suis ainsi protégée dans cette cage, et je préfère mille fois dormir ici, que d’être gentiment éconduite à la porte le soir venu comme le font tant d’hommes adultères avec leurs pauvres soumises esseulées. Ces femmes qui sont manifestement (rien que pour cela) bien moins respectées et considérées que je ne peux l’être avec mon Maître. J’ai une réelle place dans sa vie, même si celle-ci se résume, la nuit venue, à une petite cage.
Mon Maître me contraint, me captive, mais jamais il ne m’enferme, et encore moins il ne me cache… Toute la nuance est là…
J’aime me retrouver seule entre les barreaux froids et métalliques de ma couchette de fortune, pour me permettre des moments de méditation pure, ou je suis seule avec moi-même, avec mon corps, toujours brûlant et pulsatile, résultat de nos longs moment sado-maso.
Et puis quand bien même je suis hors de la cage, en moi, psychologiquement, j’y suis toujours. Mon bonheur réside là. Je suis chienne, lionne, esclave si l’on veut. Aussi sauvage que captive, mais jamais malheureuse…
Ma liberté à moi, c’est mon enfer. Je l’ai trop longtemps vécu pour le savoir…
Je suis tel un oiseau domestique sous l’œil de l’homme qui l’admire et le possède. Mon bonheur est là, dans mon petit monde, celui que je construis en moi et dans cette cage, ma cage. Si pour vous la liberté n’a pas de prix, alors vous pourrez toujours m’ouvrir, mais jamais me forcer à sortir…