La bienveillance

Je me suis rendu compte (sans doute un peu trop tard), avec le temps, les années, l’expérience que fondamentalement, le dominant n’a (pour moi) qu’à posséder une seule vraie qualité… Celle qui fait de toutes les autres des « options »… C’est la bienveillance.

Je viens de comprendre que c’était la seule condition non-négociable, fondamentale, obligatoire.

On a beau être sadique, dominant, savoir mater, savoir soumettre, ce qui fait vraiment la qualité et la noblesse d’un Maître, c’est sa capacité à être bienveillant et que cela soit un trait naturel de sa personnalité.

Qu’est-ce que la bienveillance ?

C’est savoir prendre soin de l’autre et de le considérer vraiment, même dans sa condition de soumise, voire d’esclave ! Car certes, une soumise porte très bien son nom puisqu’elle se soumet, mais c’est avant tout une personne à part entière qui mérite autant d’attention et d’écoute que n’importe qui. Même beaucoup plus d’écoute d’ailleurs que n’en aurai besoin un couple conventionnel où l’on peut s’exprimer sur des sujets litigieux avec d’avantage de simplicité. Car c’est malheureux de le dire, mais combien de soumise n’osent pas, combien se replient sur elles même quelques fois. Ces situations qui peuvent devenir tellement graves, dont parfois les dominants n’ont pas conscience et se fichent totalement… Ne prêtent même pas attention, voire accusent (si si, c’est du vécu…). C’est surtout pour ça qu’un Maître, même s’il est à l’écoute, se doit d’être bienveillant. Avant, pendant et après la relation… (la soumise aussi d’ailleurs, ce qui n’est sans doute pas toujours le cas parfois) De toute façon, être à l’écoute, cela fait partie de la bienveillance.

Désormais, sans cela, dans mon regard, ces hommes ne sont rien.

Combien de femmes soumises (ou non d’ailleurs) sont délaissées, sous-estimées, déconsidérées… Dans la vie de tous les jours, une soumise qui est seule, dont on ne s’occupe pas, c’est forcément une soumise qui souffre. Cela ne veut pas dire qu’il faut être là en tout temps, être présent physiquement, et y passer du temps ou encore faire des sacrifices, pas du tout. Il s’agit juste de prendre soin de l’autre, être vraiment investi par ce rôle important qu’est celui du Maître qui prend pleine possession de sa responsabilité de dominant, d’éducateur, de sage, de supérieur… Rien qui ne réclame plus de temps ou de moyen, juste un réel investissement psychologique.

Ces choses-là se ressentent, elles sont totalement dématérialisées la plupart du temps, mais elles se ressentent et elles se démontrent au long court plus qu’elles ne s’observent à un instant T bien précis. Une femme ne pourra s’ouvrir que si elle se sent à l’aise et protégée, j’en suis intimement convaincue… Au contraire, si elle est abusée et exploitée, même si cela reste un non-dit très difficile à percevoir, les attitudes et les manques sont bien là et ils ne trompent pas.

Respect, politesse, sincérité, écoute, compréhension sont des mots qui doivent avoir du sens pour toute la communauté. Savoir dire pardon, aussi. Je suis fondamentalement triste que trop souvent cela ne soit pas le cas.

J’en reviens un peu à mon précédent article dans lequel j’exprime un peu le malaise actuel dans le BDSM qui fait qu’hommes et femmes sont là, mais qu’ils n’arrivent pas à se trouver. Simplement, nous pourrions tergiverser sur les détails, mais aujourd’hui, je l’ai bien compris ; seule la bienveillance compte… Réellement.

Vous savez, une soumise, se voit marquée à vie dans ce type d’aventure, quelle qu’elle soit. Positive ou négative. Pour ce motif, les histoires BDSM avortées, car pauvre du manque de bienveillance, tue à petit feu. Je comprends toutes ses personnes déçues, blessées et découragées. Résolues à être seules plutôt qu’autre chose pour ne plus risquer de souffrir…

Faire confiance, c’est si dur, mais pourquoi est-ce si dur ? Car même lorsque l’on croit tomber sur quelqu’un de bienveillant un beau jour, ont fini toujours par tomber des nues et souffrir dans des configurations tordues et dans la plus grande des solitudes…

Le BDSM, aujourd’hui, pour ses raisons, m’a fait plus de mal que de bien… C’est clair. Je le regrette terriblement… J’en suis arrivée à un point ou le dégoût et la tristesse prennent le pas… La confiance, je l’ai perdue, l’estime de moi, etc.

J’ai été naïve et sotte de croire que mon statut de soumise possédée pouvait permettre à mon Maître toutes les maltraitances possibles, les négligences, les avilissements. Je pensais que c’était un grand acte de lâcher prise que de m’offrir sexuellement, physiquement et psychologiquement, sans limites… À toutes leurs maltraitances, même les plus graves et inacceptables…

Je voyais ça comme un acte de confiance absolue, mais lorsqu’à chaque fois, du peu dans ma vie ou cela m’est arrivé, se voir abusée plutôt que respectée pour ce don si grand, si beau, on en vient à se replier sur soi-même et perdre cette petite étincelle d’espoir de vivre un jour LA grande aventure.

Lorsqu’on a pas confiance, impossible de se donner réellement. J’en ai fait le constat tout récemment. C’est incompréhensible pour certain, mais pourtant, c’est tellement évident !

J’ai cette chance, comme beaucoup de soumise je n’en doute pas, d’avoir cette force de caractère immense et inébranlable qui fait qu’on tombe souvent, mais qu’on se relève à chaque fois… Je nous félicite toutes pour cela. Mais parfois, les stigmates, les blessures répétées vous empêchent de reprendre son chemin… Ne plus prendre le risque de tomber encore, de peur que ce soit la chute dont on ne se relèvera pas cette fois…

Ces gens intéressées, égoïstes, délétères ne doivent pas avoir raison de nous, car je sais qu’il existe des gens bien dans cette communauté et qu’ils créent, veulent créer ou créeront un jour une belle communauté saine, bienveillante.

Pour moi, le BDSM, c’est avant tout cela…

Et la vie continue…

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