Mes confessions à Mr Zaganiaris

 

A la sortie de mon livre, Jean Zaganiaris,  Enseignant chercheur mais aussi critique littéraire m’a fait l’honneur de me consacrer un peu de son temps. Vous pouvez consulter ICI son blog et l’article qu’il a rédigé à mon sujet. Suite à cela, très enthousiaste, il me propose de répondre à ses questions pour m’intégrer à l’un de ces travail de recherche. Je décide aujourd’hui de partager cette interview confession avec vous.

Avec des questions très pertinentes, subtiles et profondes comme je les aime, les réponses que j’apporte vont vous permettre de découvrir mon livre de mon point de vue d’auteur et de personnage en vous dévoilant quelques détails qui pourraient intéresser les plus curieux d’entre vous 😉

Merci à J.Z. pour cette interview ! Je suis toujours aussi surprise et flattée de recevoir pareille compliments venant de sa part et je l’en remercie encore infiniment. J’ai pris beaucoup de plaisir à répondre à ses questions…


  • Quel est votre parcours (études, entrée dans la vie professionnelle) ?

Rire ! Joker (Promis, c’est le seul et l’unique, par simple question de protection personnelle) Car pour continuer à faire ce blog, je dois protéger ma vie personnelle. Avec l’exposition que j’ai à l’heure actuelle sur tout le penchant sexuel et atypique de ma vie que j’exhibe sur la toile, je ne peux pas me permettre de me dévoiler plus personnellement. Comme le dit parfaitement mon Maître « pour vivre heureux, vivons cachés ». Comme la jalousie, la haine gratuite, la curiosité malsaine et l’art de balayer devant la porte des autres avant la sienne sont devenu des pratiques courante et même favorite pour beaucoup de personnes, je préfère me taire et ne vivre mon histoire que dans le plaisir du partage. Disons que je ne mélange pas mes deux vies pour mon simple équilibre personnel.

  • Depuis quand avez-vous commencé à écrire ?

Depuis maintenant environ 1 an et demi, sous l’impulsion de mon Maître, à travers la rédaction d’un blog qui me tient aujourd’hui beaucoup à cœur. J’y écrit toutes les semaines un billet au sujet de ma sexualité et de mon mode de vie atypique.

  • Qu’est-ce que vous apporte l’écriture érotique ?

L’écriture érotique m’apporte beaucoup. D’une part, ça permet à la nymphomane boulimique en moi de revivre une fois encore mes moments de sexualité, et de me remémorer ces moments de ma vie que j’adore tant. Ensuite, étant donné que je ne fais qu’écrire mon histoire véritable, ça me donne la possibilité de garder une mémoire intacte des moments que j’ai passé avec mon Maître qui me sont si cher.

  • Quels sont les auteur.e.s que vous appréciez ?

Je ne lis pas énormément, je sais bien que c’est un tors, mais c’est surtout par manque de temps. Je lis beaucoup Sade pour le moment.

  • Comment vous est venue l’idée des textes sur le blog ?

Tout est parti de mon Maître. Très rapidement il a compris ce besoin en moi d’écrire, cette envie si forte. Et il m’a aussitôt proposé l’idée. Au départ j’étais réticente, nous ne nous connaissions que depuis quelques mois et je doutais beaucoup de mes capacités à écrire. Aujourd’hui, je sais ce que mes écrits valent, je ne suis pas pleine de prétention, simplement j’écris pour mon plaisir, notre plaisir et voilà. Le public qui me lit apprécie lui aussi alors c’est parfait, je ne demande rien de plus.

  • Vous y racontez vos propres expériences ou bien est-ce qu’il y a la touche de la fiction ? Parlez-vous davantage de votre vécu ou de vos fantasmes ?

Tout ce que j’écris, c’est à dire 100%, disons plutôt 99% puisque parfois, je suis obligé de modifier certains petits détails de mes récits pour justement nous protéger mon Maître et moi personnellement. Lorsque ça touche à notre travail, nos familles, etc.

  • Comment vous est venue l’idée de publier Le goût des larmes ?

J’ai toujours eu en tête ce fantasme assez fou de faire un livre, mais entre un blog et un livre il y a un océan. L’idée dormait quelque part en moi, je ne comptais rien en faire, malgré les encouragements de certains de mes lecteurs. Sauf qu’un beau jour, Eva Adams m’a contacté et avec beaucoup d’enthousiasme, de conviction. Au départ là aussi j’ai été réticente, mais quand j’ai compris ma chance et l’opportunité incroyable qui s’offrait à moi, j’y suis allé à fond ! Et j’ai dit oui à Eva. C’est là que tout a commencé.

  • Quand a-t-il été écrit ?

Je l’ai écrit sur tout le mois de février. Pour moi c’était assez court, mais à priori c’est un rythme de croisière. Je n’ai rien forcé, j’ai écrit selon mes disponibilités et j’ai pris le temps. Sachant qu’en plus du livre, j’écris quotidiennement à mon Maître, ce qui m’occupe en moyenne une heure par jour, et le blog que je n’ai jamais cessé d’alimenter. C’était un moi très dense, très intense, mais j’ai adoré ça !

  • Comment s’est passée la rencontre avec l’éditeur ?

Tout s’est passé virtuellement, je n’ai donc eu que très peu de contact avec mon éditeur. Mais il y a eu Eva Adams, très accessible, très présente. Elle m’aura accompagnée avec beaucoup de gentillesse et de patience.

  • Vous consacrez beaucoup de temps à parler du ressenti des personnages. Est-ce que ce sont des réflexions inspirées par la réalité ?

Etant donné que je suis la narratrice de mes récits, j’ai donc pu extérioriser justement tous ses ressentis. C’est d’ailleurs ce que je fais sur le blog aussi ; penser tout haut mes émotions. Je suis une femme d’émotion. J’aime tous ces sentiments qui me traversent, j’ai besoin de ça pour vivre. Dans mes récits, je ne gonfle rien, je transpose avec le maximum de fidélité les sentiments que je peux ressentir à un moment X ou Y de ma vie. Ces sentiments sont parfois si forts pour moi que j’ai envie de les partager avec d’autres, avec mon Maître, et avec mon entourage, sauf qu’en ce qui concerne tout l’aspect sexuel de ma vie, ce qui me procure finalement le plus d’émotion, je ne peux malheureusement le partager avec personne, sauf mon Maître. Alors écrire, c’est me confier à qui voudra bien me lire. C’est ça, mes récits ne sont que des confessions d’émotions. Cela est donc tout naturellement narré avec le maximum de fidélité pour en retranscrire toute la force et l’intensité. Lorsque j’écris tout ça, j’ai envie que le lecteur puisse se sentir comme s’il y était. Comme s’il était dans mes pensées et qu’il ressentait toutes les émotions qui me traversent, ressentir l’adrénaline et les frissons.

  • Dans Le gout des larmes, Clarisse cherche un amant qui lui apporte l’épanouissement qu’elle cherche en tant que soumise. Qu’est-ce qui ne va pas avec Julien, l’amant de la boîte ? il a l’air d’être l’amant parfait, romantique.

Justement, il est là le problème. Cet homme à fait ressortir en moi toute l’ambivalence de ma personne. J’avais envie de ce garçon dans le sens où il aurait séduit n’importe quelle femme, disponible, aimant et mignon. Voilà pourquoi je me suis laissé aller vers cet homme, mais ma nature vraie n’a pas supporter. Je ne suis résolument pas faite pour ce genre d’homme voilà tout, il me fallait cet électrochoc pour prendre réellement conscience des choses et revoir mes priorités dans la vie.

  • Lorsqu’elle va au lit avec lui, il y a une phrase qui m’a beaucoup troublé : « Une fois devant mon lit, je me laisse tomber avec lui. Et je ne pense qu’à une seule chose, baiser ! « Pourvu qu’il me baise, encore et encore, bien fort ». Sauf qu’il n’y arrive pas, comme paniqué il n’arrive pas à poser ses mains ailleurs qu’au-dessus de mes épaules. » On dirait que c’est Clarisse qui a envie de baise (comme un homme ( ?) et Julien qui est incapable de la satisfaire

Peut-être y a-t-il un peu de ça oui. Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. Il faut dire que je suis une femme très féminine, je ne me vois pas sexuellement comme l’image du sexe fort, de celle qui porte la culotte dans son couple. C’est un fait, aujourd’hui, on cherche à tout prix à mettre l’homme sur le même seuil d’égalité que la femme, du coup les hommes qui me draguent au quotidien, et ceux comme julien avec qui j’ai pu coucher sont… comment dire, ils ne me correspondent pas. Je suis un mouvement qui est totalement opposé à la génération dans laquelle je vie. Je ne veux pas et n’ai jamais voulu d’un homme qui me fasse mon repassage et mon ménage, et qu’il me cuisine des petits plats en s’occupant des enfants. Au lit c’est pareil, je ne veux pas d’un homme qui me papouille et qui me couvre de baisers à n’en plus finir. J’ai besoin d’un mâle, d’un vrai (selon ma définition) un homme qui ai des couilles, d’un mec virile et masculin, d’un homme fort et robuste sur tous les plans, pas d’une moitié de femme qui s’épile le torse et qui pisse assis. Cependant quand je dis ça j’ai toujours peur de la critique ultra-féministe, le genre de femme que je suis ne peux pas vraiment l’ouvrir à ce sujet, c’est toujours très très délicat. Alors déjà pour éviter les amalgames : je n’ai pas dit que je désirais d’un macho, ou d’un pervers narcissique. J’ai besoin d’un homme viril sans vouloir non plus défendre des idées réfractaires à l’évolution de notre société et totalement antiféministe. Je n’ai pas non plus dit que j’avais envie d’un mec qui ma tabasse au quotidien sans m’apporter le moindre soutient moral.

  • Pourquoi dit-elle avoir été ignoble avec Julien au moment de la rupture ? pourquoi ne lui dit-elle pas qu’elle cherche une relation BDSM avec lui ?

Quoi qu’on en dise, le souci avec mes pratiques, c’est que malgré la vulgarisation qu’a pu nous apporter les 50 Nuances de Grey, les gens dans la norme sexuelle nous voient comme des grands malades. Enfin c’est ce qui me fait peur moi, je sais qu’il y a des gens très ouverts d’esprit qui acceptent ce genre de pratique même s’il ne la partage pas, c’est comme l’homosexualité. Mais je sais aussi que cela rebute beaucoup de personnes. J’ai connu pas mal d’hommes dans le passé pour savoir ça, certains disparaissent, et d’autre s’y essaient maladroitement pour faire plaisir. Alors imaginez, ce n’est pas le genre de chose que l’on dit au bout d’une semaine à un presque inconnu. Alors je n’ai rien dit et j’ai essayé de refouler mes envies dans l’espoir d’apprécier notre nuit ensemble même si elle n’était pas nécessairement BDSM. Sauf que lui c’était l’extrême opposé, cela n’est donc pas passé du tout. Ensuite, si je pense avoir été ignoble avec ce garçon, c’est simplement parce que de lui avoir caché tout ça, j’ai eu la sensation de lui avoir menti sur la marchandise, et voilà pourquoi ma réaction à du paraître dingue et disproportionné à ses yeux. Le pauvre, il n’a rien dû comprendre et rien que pour ça je trouve mon attitude assez peu recommandable. Voilà pourquoi je me suis trouvée ignoble avec lui.

  • Dans le roman, Clarisse utilise un préservatif ; c’est important d’intégrer le sexe protégé dans le roman ?

Non, ce n’est pas le plus important dans l’idée. Malgré tout, je me félicite d’en avoir parlé, je suis très à cheval sur le sujet. Je suis pour le mélange des corps, je suis ouverte à toutes pratique sexuelle et j’encourage n’importe qui à aller au bout de tous ses fantasmes même les plus fous. Cependant, je n’ai jamais tergiversé avec ça. J’ai même eu d’énorme conflits d’intérêt concernant la fellation par exemple. Je suis une femme à principe et je suis très strict sur l’hygiène et la protection contre les IST, alors quand j’ai su à mes 14ans, lorsque l’on nous sensibilisait dans les collèges que la fellation sans préservatif pouvait transmettre le VIH j’en ai presque fait une dépression ; impossible pour moi de sucer une capote, hors de question, et hors de question d’attendre un test HIV pour sucer un mec. Même aujourd’hui je ne m’en suis pas remise. Alors je me fais dépister très souvent.

Bref, c’était une petite parenthèse. Si j’ai parlé du préservatif c’est surtout au sujet de quelque chose dont je n’ai pas parlé dans le livre, un grand passage que j’ai préféré supprimer au dernier moment, de peur que beaucoup trouve ça trop… Bizarre ?

Je vais m’expliquer… J’ai toujours eu une adolescence très débridée, j’ai vécu beaucoup de choses sexuelles dès mon plus jeune âge, et je n’en ai aucun regret. Je n’ai jamais vraiment compté mais j’ai croisé beaucoup de personnes sur mon chemin sexuel. Cependant, je n’avais pas envie d’être considérée comme une pute dégueulasse, un déchet, un mouchoir dans lequel tous les mecs du coin venaient se vider. Je n’ai jamais été comme ça alors je ne voulais pas qu’on salisse mon image, et même vis-à-vis de moi, je n’avais pas envie de me dévaloriser : j’ai toujours été une fille bien et respectable à mes yeux, je sais ce que je vaux vraiment. Mais pour quelques rumeurs d’adolescents, avoir un premier rapport à l’aube de ses 14ans et vous passez déjà pour une catin, d’autant plus que les rumeurs vont vite. Voilà pourquoi j’ai toujours eu l’innocence sur mon visage et je suis toujours restée discrète sur ma vie sexuelle. Je pourrais même estimer qu’aujourd’hui 95% de mon entourage ne se doute pas une seule seconde de la nymphomane soumise que je suis. Ils me voient prude et éternelle célibataire, avec beaucoup de chats, un frigo rempli de chocolat et l’intégrale de la série « urgence » que je regarde sous mon petit plaid les samedi soir seule. Rire ! S’ils savaient. Non je tiens à eux et leurs santés, qu’ils restent avec l’idée qu’il se font de moi. Je me fiche royalement de l’étiquette qu’ils me collent tant qu’elle ne devient pas celle de « pute ». Voilà pourquoi (et j’en arrive au fait) je n’ai jamais accepté qu’un homme se vide en moi, ni même qu’il ne me prenne sans préservatif. Je ne voulais pas que toutes ses queues « sales » qui n’avaient aucunes valeurs vraies à mes yeux puissent me toucher peau à peau, envahir mes tréfonds, à l’intérieur de moi, sans avoir aucune valeur de ce que cela pouvait représenter pour moi. J’ai longtemps gardé ce petit secret bien à moi, aujourd’hui les choses ont changé puisque j’ai rencontré mon Maître… Je n’en dirai pas d’avantage 😉 J’attendais la bonne personne à qui je pourrais offrir ça. Qu’il me déflore de son sperme. En un sens, à mes yeux, j’ai préservé ma virginité. C’est quelque chose auquel je tiens absolument, d’ailleurs c’est l’une des choses que j’ai imposé dans notre contrat avec mon Maître à nos débuts : le port du préservatif obligatoire.

  • Qui est Marc ? qu’incarne-t-il dans le récit ?

Marc, c’est avant tout un ami. C’est le premier homme à qui j’ai pu me confier sans complexe, avec qui j’ai pu aborder tous les sujets, et assumer tous mes penchants même les plus trash. Et c’est lui aussi qui m’a permis de tenir le coup lorsque c’était trop dur, dans mes grands moments de manque.

  • Pourquoi ne reste-t-elle pas avec lui ? ce n’est pas lui l’homme de sa vie (pourquoi ?)

Non, il vie très loin et ce n’est pas un Maître ni un amoureux, il lui offre simplement un peu d’interim, rien n’est donc envisageable au long terme entre Clarisse et Marc.

  • Quel type d’homme cherche Clarisse ?

Clarisse et tiraillée entre deux idéaux : celle de la mère au foyer, avec son mari et ses enfants, une petite vie bien rangée et une vie de surface radieuse. Un mariage simple et une petite maison à la campagne. Et à côté de ça, c’est une nymphomane, elle regarde les couples avec beaucoup de curiosité et de tristesse à la fois, elle n’y arrive pas : la fidélité éternelle, le sexe tiède, etc. Son corps tout entier lui réclame d’aller vers des hommes qui pourrons lui offrir une satisfaction sexuelle qui est toute autre : du masochisme, des choses sales et impudique, des insultes et de l’humiliation. Clarisse n’est pas dupe, elle a compris que ses deux concepts-là n’existaient pas en un seul et même homme. Alors elle a dû faire un choix… Et c’est ce qu’elle a fait lorsqu’elle a mis julien à la porte cette fameuse nuit ou tout a changé pour elle.

  • Clarisse trouve le plaisir en se soumettant sexuellement ; elle fait des offrandes à ses amants (le mot « offrande » est important ; le passage avec la sodomie quand elle est avec Marc montre cela). Toutefois, elle semble attendre quelque chose en retour, non ?

Oui bien-entendu qu’elle attend quelque chose, comme tout le monde. L’homme agit toujours par intérêt, c’est sa nature, l’acte gratuit n’existe pas. Lorsqu’elle fait ça, Clarisse attend déjà à ce que Marc y prenne du plaisir (en ce qui concerne la sodomie) son plaisir à elle c’est de sentir la satisfaction chez l’autre. C’est ainsi qu’elle se valorise. Elle se donne.

Au-delà, elle a aussi besoin d’attention, de reconnaissance, d’un statut. Etre soumise est selon mon un statut très honorable. Ça veut quand même dire avoir une valeur aux yeux de quelqu’un, être là sous son regard, bien que totalement impuissant. Aussi, être sous la responsabilité d’un dominant, se donner, c’est avoir quelqu’un en face d’elle en qui tout remettre, même sa santé, qu’elle soit physique ou psychique. Rien que ça pour Clarisse c’est lui donner une fenêtre de liberté incroyable qui lui fait un bien fou. Elle en attend donc beaucoup mais en reçoit tout autant.

[Ça me fait beaucoup rire de parler de moi à la troisième personne, je vais finir l’interview avec un dédoublement de la personnalité ! Rire !]

  • Pouvez-vous me parler des sites BDSM qu’elle utilise et de sa déception par rapport aux rencontres ?

Les sites de rencontre que Clarisse fréquente sont des sites gratuits de chat et de discussion instantanée comme DOMI.COM ou encore LEMARCHEAUXESCLAVES.FR. Voilà pourquoi elle y passe des heures, ce genre de site regorge de faux profils et d’hommes irrespectueux qui l’envahissent de messages inutiles et désobligeants. Derrière un écran c’est surement beaucoup plus facile pour certain de manipuler, de se moquer, de rabaisser et d’insulter. Beaucoup s’invente une vie pour se lâcher un peu. Sauf que Clarisse y a perdu beaucoup de temps et pour les mauvaises raisons, car sans avoir une recherche difficile à satisfaire, il n’y avait dans cette foultitude de profil pas une seule personne disponible pour lui offrir au moins 1 heure de BDSM. Jusqu’au jour où tous ses efforts ont payé, bien au-delà de ses espérances…

  • En évoquant les photos sur les sites, on sent qu’il y a un lien entre votre vécu (les photos du blog) et le roman ? est-ce que votre roman est de l’auto-fiction ?

Non du tout. Les photos du blog n’ont pas de lien avec les photos dont je parle ici. Et parler d’autofiction c’est un bien grand mot. Je ne pense pas romancer mon récit. J’en parle joliment et je supprime une certaine partie de mon histoire que je souhaite ne pas communiquer au grand public, c’est simplement ça.

  • Lorsqu’elle rencontre le prof de fac, quelque chose passe (même si ça ne donnera rien au final). Clarisse dit « Il n’y aura jamais eu autant d’ambivalence dans ma sexualité qu’aujourd’hui. ». Qu’est-ce que cela signifie ? quelle est cette ambivalence (j’ai trouvé ça intéressant) ?

Oui, Clarisse est ambivalente. C’est une marque de fabrique je crois même. Avec le prof de fac il y a eu quelque chose de fascinant ; il était beaucoup plus vieux que moi, pas très beau voire même dégoutant et repoussant, et pourtant j’étais ultra excitée à l’idée qu’il me touche et qu’il abuse de mon corps. Je crois même que c’est en partie ça qui m’aura attiré à lui. J’en avait la nausée lorsqu’il m’a dit « tu n’auras pas le choix, je vais me vider dans ta bouche à chacune de nos séances » mais pourtant je n’avais jamais été aussi excitée rien qu’a en entendre ses quelques mots, alors qu’il était là, stoïque et calme en face de moi, avec un léger sourire très pervers sur ses lèvres en voyant mon air pudique et timidement ahuri !

  • Clarisse est attirée par l’inconnu de la rencontre et a besoin d’être en confiance ; on sent qu’elle est divisée entre ce désir de s’abandonner et ce besoin d’être rassurée ?

C’est exactement ça le conflit d’idée, exactement comme mon désir fou pour la fellation et la protection contre les IST comme j’en parlais dans une précédente question. J’ai envie de me faire malmener et de me donner à quelqu’un sans me poser de question, mais je ne suis pour autant pas dingue, je veux être totalement en confiance sinon cela ne marche pas. Aujourd’hui, ça pourrait en étonner plus d’un mais grâce à nos bases si saines, je sais que je pourrais faire tout ce que mon Maître m’ordonne sans jamais m’inquiéter, parce que j’ai une confiance absolue en lui, je sais qu’il ne me mettra jamais en danger. Et ce lâché prise c’est le summum de notre relation, l’abnégation totale !

  • A un moment (quand elle a rencontré Maître Charles) elle dit qu’elle aime être brutalisée ; qu’est-ce que cela signifie ?

Etre brutalisée reste un terme très générique. On peut sous-entendre par-là qu’elle souhaite être « tenue » par une mains ferme et sévère. En vérité, elle n’a pas elle-même la définition de la « brutalisation » qu’elle souhaite exactement. Elle cherche juste un homme à la sexualité brutale et elle s’adaptera à son degré de brutalité à lui, voilà tout. En tout cas, elle ne veut plus être traité avec douceur et tendresse par un homme, cela ne lui convient absolument pas, maintenant elle en est définitivement certaine.

  • Que représente la rencontre avec Maître Charles ?

La rencontre avec Monsieur Charles c’est la lumière au bout du tunnel. Je n’ai pas d’autres mots. C’est les bras grands ouverts dans lesquels Clarisse s’est blotti pour reprendre enfin son souffle. C’est une délivrance, un aboutissement vers une nouvelle vie. C’est aussi beaucoup d’espoir et beaucoup d’angoisse. L’angoisse de l’éphémère, etc.

  • Comment se construit la relation ? qu’est-ce qui fait qu’il n’est pas comme les autres ?

Il est totalement différent. Déjà il est respectueux et intelligent, et ça fait toute la différence. Ensuite nous nous comprenons, il y a comme une proximité entre nous qui se ressent dès les premières discussions, quelque chose qui m’aura permis de me confier à lui, de lui donner toutes ma confiance très rapidement. C’était quelqu’un qui ne ressemblait à aucun autre sur ces sites : sans prétention, sans impatience, curieux et respectueux. Ce n’était pourtant pas grand-chose à la réflexion, mais ça à fait toute la différence pourtant.

  • Quel est la nature des rapports de domination entre les deux ?

C’est assez naturel est suggestif. Nous n’avons pas eu à nous dire comment nous allions nous y prendre, tout s’est fait assez spontanément et naturellement. J’ai toujours vouvoyer cet homme et lui m’a toujours considéré de la même façon, je n’ai jamais été précieuse pour lui et c’est ce qui m’a permis de ne jamais croire une seule seconde que j’avais un quelconque pouvoir sur lui. Chacun est donc toujours resté à sa place sans avoir à se démontrer quoi que ce soit. Je n’ai jamais eu à devoir lui prouver ma dévotion pour lui et il n’a jamais eu besoin de me rappeler qui il était pour moi.

  • Peut-on dire qu’avec lui, Clarisse soit uniquement dans l’offrande ? (la scène où il lui demande de venir les yeux bandés montre la complexité de ce rapport entre eux, pouvez-vous me commenter les différentes attitudes de Clarisse qui refuse et puis qui accepte)

Clarisse est beaucoup dans l’offrande car c’est là qu’elle excelle. Tout comme avec Marc elle se donne et se satisfait du plaisir qu’il peut prendre dans ses instants. Le don n’est qu’un geste de profonde abnégation, d’une soumission pleine et aboutie. Venir lors de cette première rencontre les yeux bandés n’a pas été simple, mais c’était bien là l’un des plus beaux témoignages de ma soumission que j’ai pu lui faire jusqu’à maintenant.

  • J’ai aimé cette phrase de Maître Charles, pouvez-vous me la commenter que représente-t-elle dans le récit ? « Je suis arrivé dans le BDSM par hasard. Et qu’est-ce que j’ai aimé ça ! Des fois on se trouve, comme ça, par hasard ? J’aime le côté très sexué dans la relation, mais aussi, le partage, l’intellectuel. J’aime…. Que ça devienne obsédant, pour nous deux. Que nos esprits se cherchent constamment » que signifie l’évocation à l’intellectuel ?

C’est l’une des premières phrases qu’il m’aura adressées. Et c’était aussi l’une des premières phrases qui me permettait d’en apprendre davantage sur lui aussi. Avec ces quelques lignes je voyais bien qu’il n’était ni prétentieux ni supérieur à mon égard. Nous parlions d’égal à égal, en toute simplicité. Et je souriais jusqu’au oreilles parce que nous partagions le même ressentiment au sujet du sexe et de son côté obsédant. Aussi, ce qu’il y mettait, les notions de partage, de relation et d’intellect, j’avais envie d’entendre ça. C’était de très bonnes bases en tout cas. Je me suis dit que cet homme était tombé comme une évidence, ses idées étaient les mienne, nous étions totalement en accord lui et moi.

  • Clarisse est dans un rapport de séduction en ligne ; pourquoi dit-elle qu’elle a l’impression de se vendre (on serait dans quelque chose d’autre que la passion, l’attirance ?) « J’essaie de me vendre autant que je le peux, j’ai l’impression de postuler à une embauche, je souhaite plus que tout retenir toute son attention. »

Oui, naturellement, dès lors que l’on comprend que la personne avec qui l’on parle ne doit pour rien au monde nous échapper, alors on fait le maximum pour lui plaire. Dès lors je me mets à lui sortir comme ce que l’on pourrait prendre pour des arguments de vente : je lui explique mon désir de soumission, mon appétit féroce pour le sexe, ma nymphomanie et mon sage caractère. Je me vends effectivement.

  • Maître Charles semble à la fois mais à l’écoute, compréhensif ?

Charles est beaucoup plus compréhensif et concilient envers Clarisse que Clarisse ne l’est avec elle-même et avec les autres. C’est certain.  Même si cela n’empêche pas Monsieur Charles d’être exigeant envers Clarisse.

  • Est-ce que derrière cette intensité de la passion, on peut voir quand même une dimension patriarcale de la sexualité ? ( La femme s’offre, s’abandonne, l’homme en profite, la rétribuerait symboliquement) est-ce qu’il y a une rétribution d’ailleurs de sa part face à ce qu’elle lui donne?

Plus ou moins, comme je le disait en début d’interview, je ne suis pas pour revenir à l’image du couple il y a 100 ans de cela, avec tous les travers que cela pouvait avoir. Mais pourtant, je cultive une certaine idée du couple qui n’est pas celle que l’on peut se faire d’un couple moderne.

  • Quel est le rôle du contrat entre eux ? vous en parlez peu dans le roman ; que représente le contrat qu’elle (et non pas lui ?) prépare ?

Elle est assez stricte comme je le disais plus haut. C’est elle qui a souhaité rédiger un contrat. Pour davantage de lâché prise, de confiance entre eux deux. Voilà pourquoi Clarisse l’a rédigé, aussi parce que c’était le seul moment pour elle ou elle allait pouvoir faire entendre sa voix, et ce n’était pas rien, alors pour rien au monde elle ne se serait passé de ce contrat. Le contrat ne figure pas dans ce premier ouvrage car il fera surement partie d’un second. Il a été d’une grande importance, il aura servi de lien, de travail commun, il aura permis à Charles et Clarisse de se connaître, assez rapidement mais en détail sans pour autant tout se dévoiler sans pudeur. Aujourd’hui, il reste le fondement de notre relation et j’y tiens énormément.

  • ce passage est très beau; pourriez vous me le commenter : « Je prends un peu plus la notion de toute ma folie sexuelle et ma déraison. Je n’imagine pas le jour où je vais devoir me présenter à lui, je devrais me faire toute petite tant cet homme m’intimide, et tout ça m’excitera terriblement. J’aime me sentir ainsi inférieure, à la merci des hommes et de leur pouvoir sur moi, n’être plus qu’un objet sexuel, l’objet de leurs désirs, de tous leurs plaisirs cérébraux et charnels ».

Ce passage résume assez bien l’idée que je me fais de ma sexualité : intimidation, soumission, etc. Etre un objet sexuel me plaît. J’aime la dépersonnalisation dans le sexe, cette idée d’être là mais sans la moindre considération affective ou sexuelle (même si j’adore prendre du plaisir sexuellement) C’est quelque chose qui m’excite sans que je ne puisse l’expliquer. Aussi, j’adore baiser par l’esprit, l’approche cérébrale de mes ébats constitue au moins les 4/5ième de ceux-ci. Je mouille plus facilement d’un mot ou d’un regard que d’une caresse. Chez moi, tout est dans la tête. Je suis une sapiosexuelle.

  • J’ai l’impression que Le Maître est plus compréhensif que Clarisse (il est plus compréhensif à l’égard de Clarisse que Clarisse ne l’a été à l’égard de Julien) Clarisse aurait-elle des exigences plus importantes que son Maître ? Elle pourrait même être plus dur que lui quand elle dit « D’un autre côté, je n’ai pas envie de lui montrer ma vulnérabilité, mes blessures. Décidément, cet homme voit clair en moi, et m’injecte toute la confiance dont j’ai besoin pour m’ouvrir à lui. Je n’ai que faire de son empathie, je veux qu’il me maltraite, simplement »

Pour conclure cette question est assez bien choisie, vous faites à la fois la question et aussi la réponse (Que j’aurais abordé déjà à demi-mot dans une précédente réponse) Effectivement, je suis beaucoup plus extrême que mon Maître peut l’être. D’ailleurs lui-même me le dit parfois.

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