Photographie [à caractère sexuel] vos droits, vos devoirs

En écho avec mon histoire personnelle de ces derniers temps et parce que je crois que c’est important d’en parler, je voulais faire le point avec vous sur ce que dit la loi, sur vos droits et vos devoirs en matière d’image et de photographie. Particulièrement lorsqu’il s’agit de photos à caractère sexuel, qu’elles soient artistiques ou non.

Je sais que le « revenge porn » et le phénomène fisha aujourd’hui fait beaucoup de dégâts chez les jeunes notamment. Personnellement, je voulais évoquer quelque chose de différent, quelque chose qui pourrait me/nous concerner davantage. Je m’explique ; dans notre communauté, notamment lorsque nous sommes actifs sur les réseaux sociaux, l’image, la photographie BDSM, kinky prend énormément de place. Notre « art » est assez visuel, que ce soit pour les fétichistes, les exhibitionnistes, etc. Alors, poster une photo de ses doigts de pieds en éventail n’est pas très compromettant pour vous, mais si vous décidez de vous montrer tout entier, à visage découvert, là, c’est une autre histoire…

Heureusement, vous êtes décisionnaire de tout ça, c’est à vous que revient le choix de vous afficher ou non et surtout comment, jusqu’à quel point. C’est à vous qu’il revient de décider dans quelle mesure vous vous dévoilez, les parties de votre corps que vous souhaitez afficher ou à l’inverse cacher. Soumis.e ou pas, vous avez légalement le droit de refuser d’être photographié.e d’une part, et quand bien même vous acceptez, c’est encore autre chose que de partager cette image. C’est évident, mais c’est important de le rappeler, laisser quelqu’un vous prendre en photo à titre personnel ne lui donne absolument pas le droit de la partager à des tiers, ce qui inclus sa diffusion, qu’importe le support.

Pour vous aider, concernant la diffusion d’image sur Internet, il y a la CNIL, la commission nationale de l’informatique et des libertés. Ils sont là pour vous informer et vous aiguiller si vous rencontrer des problèmes ou si vous souhaitez des informations fiables sur les lois en vigueur. Ils m’ont été d’une aide très précieuse il y a un an lorsque j’ai subis de grosses pressions pour faire supprimer des images que j’avais partagé sur Internet, mais ça, je vous en reparlerai un peu plus tard. Si vous constatez que votre image est diffusée alors que vous y êtes opposé, il conviendra soit d’aller porter plainte, soit de vous signaler auprès du site signalement.gouv.fr pour l’utilisation frauduleuse d’image personnelle, même si ce n’est pas une photo prise par vos soins.

« Assumer »

Certains, dans notre communauté Kinky revendiquent totalement leurs penchants et « assument » d’associer leur image, visage compris, à notre communauté. Libre à eux, cela ne veux pas dire que ceux qui préfère « se cacher » ont tort ou raison. C’est à chacun de déterminer ce qu’il souhaite dévoiler. Comme les confidences que vous faites à un ami, vous êtes libre de dire ce que vous voulez dire ou pas. C’est votre liberté, et elle vous est totalement personnelle. Personne n’a le droit de vous imposer quoi que ce soit à ce sujet d’autant qu’il n’existe aucune norme. Si tout le monde montrait son visage et que cela devenait « d’usage » cela ne devra vous forcer à rien, surtout pas de le faire juste pour « faire comme tout le monde », non.

Bien réfléchir avant d’agir

C’est une règle d’or, évidemment, car tout comme un piercing voire un tatouage, il faut bien prendre conscience que lorsqu’une photo est diffusée sur Internet, il est très très très compliqué de revenir en arrière comme si de rien ne s’était passé. La photo, aux yeux de tous, devient en quelque sorte (même si légalement ce n’est pas vraiment ça) propriété publique. Facebook par exemple se réserve le droit de conserver ce qu’il veut de vos publications. Chacune des photos que vous y posterez devient possession de Facebook. Aussi, n’importe quel usagé d’Internet peux, s’il le souhaite enregistrer vos photos, quelles qu’elles soient. Alors, aucune possibilité de savoir qui, sur les presque 4 milliards d’humains ayant accès à Internet sur terre (ce qui représente tout de même plus de la moitié de la population du monde.) pourrait éventuellement posséder dans ses fichiers personnels une photo de vous qu’il aurait prise sur Internet.

Voilà pourquoi, pour moi, il est important d’y réfléchir à deux fois avant de poster quoi que ce soit sur Internet, car même si pour vous, cela peut paraître anodin, croyez-moi bien qu’en vérité ça ne l’est pas du tout.

Les conséquences/enjeux

Je ne fais pas cet article pour sermonner comme si j’étais votre mère. Mais j’ai tout de même très envie d’évoquer des choses auxquelles on ne pense pas forcément en postant des photos sur le net, avec parfois beaucoup de légèreté, sans voir le danger. Car le danger est là, plus qu’on ne l’imagine.

Un collègue qui tombe sur une photo de vous, vous perdez votre job et ça peut vite devenir une spirale infernale et sans fin dans laquelle vous plongez la tête la première. Bon, même si heureusement, le scénario catastrophe n’est pas automatique. C’est à vous de peser le pour, le contre. Selon vous ressources, vos possibilités, vos arguments personnels, qui ne regardent que vous et qui vous sont totalement unique.

C’est assez dur à dire et à accepter, mais revenir en arrière… C’est juste impossible. Comme je l’ai dit, tel un tatouage, une photo poster sur le net peut totalement tomber dans l’oubli tout comme faire le tour du monde, c’est un peu la grande loterie d’Internet. Internet et ses fabuleuses capacités, mais aussi, ses travers et ses limites. Vous supprimez la photo en pensant que tout est fini et 6 mois, un an, 15 ans plus tard elle réapparaît sur un site porno avec votre nom et votre prénom à côté, pourquoi pas, qui sait… Personne.

Mon histoire personnelle – à titre d’exemple

Comme je vous le disais, mon histoire récente est toute particulière, même si elle est ultra simple à la fois. J’ai été prise en photo par quelqu’un qui m’a laissé utiliser et poster ses photos (de moi), d’un commun accord. Donc, il était l’auteur des clichés, je figurais sur les images avec sa compagne pour certaines photos. Les photos sont postées sur les réseaux sociaux, aucun souci. Il en poste également, j’en poste, tout va bien. Cela dure de 2016 peut-être à 2019, environ. Nous nous fréquentons régulièrement, nous prenons des photos à chaque fois. Notre seule limite à tous les trois, c’est que personne ne soit reconnu, donc pas de photo des visages bien évidemment. Je vais même plus loin, j’ai deux « taches de naissance » que je cache également. Je ne publie pas de photos où elles apparaissent… Je tiens énormément à ma vie privée, comme je vous l’argumente depuis le début de cet article. Sauf que, pour totalement autre chose, une « guérilla » éclate entre nous et l’homme du couple me sommes de supprimer toutes les photos en disant même qu’il va aller porter plainte si je ne m’exécute pas. Je ne cherche même pas à comprendre, je ne veux pas faire d’histoire, quand bien même il décide de porter plainte ou pas, son attitude a été tellement infâme que je veux juste lui donner satisfaction et ne plus en entendre parler. Je supprime absolument tout, ça me prend des heures bien évidemment : sur le blog, sur Facebook, Twitter, Instagram, Fetife, etc. Je trouve d’ailleurs mon attitude vraiment sympathique et arrangeante face à un type qui littéralement est en train de me pourrir la vie. C’était en janvier 2021. SAUF QUE (sinon, c’était trop facile) il reste quelques photos sur Facebook qu’il m’a été impossible de supprimer, je ne sais pas pourquoi, impossible techniquement. Le bien nommé ne s’est rendu compte de rien, des photos qui sont là depuis presque 5 ans et qui sont encore là, malheureusement, à mon grand regret. Seulement, voilà, un an plus tard, le 31 décembre dernier, il revient à la charge. Il est assez intelligent pour penser et dire que j’utilise encore ses photos, que je viole ses droits et que je cherche volontairement à nuire à sa personne refusant de supprimer toutes ses photos, enfin nos photos plus exactement. Il irait donc plus loin si je ne les supprime pas immédiatement ! N’hésitant pas à me menacer en employant en privé mon nom, mon prénom et mon adresse, comme ça, l’air de rien… Je pense même qu’il prend un malin plaisir à chercher à me faire peur, me terroriser. Je vous passerai les détails mensongers qu’il profère à mon égard depuis, allant jusqu’à dire que je publie encore des photos qui le concerne… Ce qui est faux bien évidemment. Assez intelligent pour se dire que j’ai pris plaisir à tout supprimer sauf trois pauvres photos de Facebook pour des motifs que même mon imagination n’arriverait pas à trouver.

Bref.

Tout ça m’a vraiment fâché… Un grand raz le bol m’a envahi… Passé les émotions de l’an passé, je me trouvais cette fois dans un burn-out pur et simple des menaces qu’il s’est remis à faire à mon endroit. Car il me somme depuis un an qu’il ne veut plus rien à voir avec moi mais continue en parallèle de me citer sur absolument tous les réseaux qu’il fréquente pour faire mon procès sur la place publique en relayant des mensonges et des menaces de toute parts. Je dois tout supprimer pour laisser entendre qu’on ne se connaît ni d’Eve, ni d’Adam, mais lui ne me lâche pas d’une semelle et le fait clairement savoir. Son argument ne tient donc même pas. Bref, cette fois s’en est trop…

Alors, tout simplement, je voulais savoir exactement ce que je risquais dans ce cas. Sauf s’il se mettait à commettre l’irréparable en divulguant mon identité très clairement par le biais de photos ou de mots, peut-il aller porter plainte ? Nuis-je à ses libertés ? Est-il en droit de me faire supprimer ses images ?

La loi est fort heureusement très claire et limpide à ce sujet : non, non et non (en réponse à ses trois dernières questions).

Je m’explique ; si vous prenez des photos de quelqu’un, sans qu’il soit reconnu, si vous floutez son visage par exemple, ou si vous effacez les tatouages, autrement dit, si rien n’indique clairement que c’est elle sur la photo, alors déjà impossible pour elle de vous interdire sa diffusion. Dans mon cas, sur les photos, il s’agit principalement de moi et quand bien même on voit quelqu’un d’autre, ce n’est même pas lui et surtout, le principal : personne, ni même moi, n’est identifiable. Absolument personne.

Ensuite, second point : dès lors qu’il y a eu une autorisation de diffusion dans le passé, il est difficile de revenir en arrière. Alors, il faut y réfléchir à deux fois, avant de changer d’avis, pour ce genre de chose. Autrement dit, vous n’avez pas le droit d’autoriser la publication d’une photo pendant 5 ans et tout à coup, ne plus en avoir envie et en demander la suppression.

Donc, si vous veniez à vous retrouver dans mon cas, rassurez-vous. J’estime d’ailleurs, loi ou pas, plainte ou pas, compte tenu de mon attitude et de mes agissements que je ne nuit dans tous les cas aucunement à cette personne. Je l’ai supprimé de ma vie, de ma vie virtuelle également, je ne profère aucune injure à son sujet ni sur Internet, ni ailleurs. Aucune diffamation non plus, je ne le menace pas, je ne mets pas son identité ainsi que celle de sa compagne en danger. Sans considérer la loi, j’estime donc être totalement lavée de toute salissure qu’il s’évertue à me coller sur le dos, et c’est le plus important pour moi. Si je méritais vraiment une quelconque “punition”, j’en aurai déjà pris le poids sur les épaules, c’est certain. Je pense être quelqu’un d’assez honnête qui assume toutes ses responsabilités.

Le concept de l’accord tacite – ce que dit la loi

Ma situation soulève un point très important concernant le droit à l’image. Car oui, dans notre communauté, personne ne fait signer de papier à personne dans lequel il accepte ou pas qu’on soit autorisé à prendre son visage en photo. On devrait peut-être, je le reconnais. Malgré tout, il existe un concept qui peut paraître un peu flou dans l’esprit collectif, mais qui a une véritable valeur juridique. Pas uniquement dans le cas du droit à l’image d’ailleurs. Il s’agit de l’accord tacite, un accord qui serait sous-entendu, pas écrit ni même dit oralement. Un exemple, le mien : la personne dont je vous parle plus haut me photographie, il me prend en photo, m’envoie les photos sur Internet, je les poste sur Facebook en le citant, il met un “j’aime” sur la photo et la commente : l’accord est évident, mais jamais évoqué, il est dit tacite. Bon, même si heureusement, j’ai tout de même réussi à remonter assez loin dans nos échanges pour retrouver son accord écrit en toute lettre… Ce qui me rassure malgré tout.

Le droit d’auteur

Reste un dernier point très important. Le droit d’auteur, qui est encore différent du droit à l’image. Car le droit à l’image concerne une photo sur laquelle vous figurez clairement. Tandis que pour le droit d’auteur, il s’agit des photos que vous avez prise, d’une personne tierce ou encore de quoi que ce soit d’autre. De ce fait, vous n’avez pas le droit d’utiliser une photo d’une tierce personne qui ne serait pas décrite clairement comme « libre de droit ». Oui, car automatiquement, une photo qui circule appartient à quelqu’un qui en possède les droits de diffusion. Autrement dit, prendre une photo au hasard sur Internet et la partager sans en informer l’auteur, c’est du vol pur et simple, sachez le bien.

Par exemple : vous partagez une photo d’un photographe qui n’a pas donné son accord, (ni écrit, ni tacite) sur laquelle figure une personne (qui ne vous a pas donné son accord non plus évidemment) que vous cherchez clairement à identifier (et mettre en danger par la même occasion) par le biais de ses cicatrices en les entourant grossièrement en rouge vif vous mettra triplement en tors, gravement, sachez le… Le photographe pourra alors vous attaquer au motif du droit d’auteur, tandis que le « modèle » pourra vous attaquer sur le droit à l’image. Car une photo ou la cicatrice est juste là, quasiment indécelable et une image sur laquelle on aura sciemment entouré ce signe distinctif pour n’avoir de seul but de ne voir plus que ça, ça change absolument tout.

Concernant le droit d’auteur, je vous conseil vivement de signer toutes vos photos, ce qui aide énormément. Aussi, si vous êtes tout comme moi, une « entité » virtuelle et que vous souhaitez protéger toutes vos productions, en ce qui me concerne : mes textes, vous devez obtenir ce que l’on appelle un « copyright ». C’est fondamental pour protéger tout ce que vous partagez sur Internet. Cela représente un coût, certes, mais c’est important. De mémoire, j’ai payé 300 euros il me semble pour protéger et mettre sous copyright « Clarisse Calliopé » ce qui me permet aujourd’hui d’être officiellement détentrice de ce pseudo d’auteure et de protéger ainsi tous mes textes et toutes mes publications « officielles ».

Je sais que cet article change radicalement des articles habituels, mais je pense qu’il était vraiment important pour moi de faire un point sur tout ça. Parce que je me rends compte de beaucoup ne sont pas au clair avec ça et qu’il serait pour certains beaucoup trop facile de menacer sans avoir pour autant derrière de vraies inquiétudes, mais plutôt des envies de nuire purement et simplement. Jouer sur le droit à l’image pour menacer quelqu’un, c’est vraiment bas, petit, mais j’en suis la preuve, ça existe.

Aussi, je tenais à dire que ce que j’évoque là concerne forcément des photos à caractère sexuel, tout du moins « explicite » ce qui rajoute bien sûr de la « gravité » et du danger. Cependant, il n’en reste pas moins que tout cela est valable aussi pour les photos de tout type, même si elles ne vous mettent pas en scène dans des « postures » compromettantes. Cela vaut pour toutes les photos où vous figurez, à condition, comme je vous le disais, qu’on vous distingue clairement même si cela est très subjectif : un tatouage, une cicatrice ou tout simplement votre visage.

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