ITW – “Un enfant dans ma relation D/s”…

Concevoir un enfant est considéré pour beaucoup comme la plus belle chose qui leur soit arrivé dans la vie. J’ai bien conscience que dans l’idée purement sexuelle que certains se font du BDSM, le sujet pourrait leur sembler totalement hors propos.

Simplement, ma conception du BDSM est beaucoup plus large et inclusive et elle ne se résume vraiment pas qu’au sexe. La relation BDSM est pour moi une relation pleine et complète entre deux personnes qui, pour certains, désirent concevoir un enfant.

Alors, je ne sais pas vraiment s’il s’agit d’un tabou ou pas dans la communauté, mais je suis surprise de voir que l’on en parle absolument nulle part et c’est assez regrettable. Voilà pourquoi je souhaitais corriger cela.

Je vous propose donc d’évoquer le sujet avec deux personnes qui me sont chères et qui sont selon moi les mieux placées pour évoquer le sujet, car ce sont deux jeunes mamans qui ont donné la vie à deux charmants bébés nés tous les deux d’une relation BDSM. Il s’agit de Saphir et de Justine, qui ont gentiment pris la peine de répondre à toutes mes questions sur le sujet. Sans plus attendre donc, je vous laisse avec elles deux. Bonne lecture à vous, et comme d’habitude, n’hésitez pas à réagir en commentaire.

La maternité dans le couple BDSM est un sujet extrêmement sous représenté dans la communauté. Qu’en penses-tu ?

Justine : En effet, cet aspect n’est que très rarement abordé par la communauté et j’ai parfois eu l’impression d’être mise à l’écart sous prétexte que je me préparais à donner la vie.

Saphir : Je suis d’accord avec toi, lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai cherché des articles sur Internet (que je n’ai pas trouvé) concernant la grossesse et le BDSM. Je pense que le BDSM est encore assez tabou et mélangé à la grossesse encore plus !

Ce sujet, est-il selon toi une sorte de tabou ?

Justine : Oui, car beaucoup de pratiquants ont le sentiment que ces 2 aspects sont incompatibles. Alors que selon moi, on peut simultanément vivre sa grossesse et sa soumission.

Saphir : Cela rejoint la question précédente, je pense que c’est tabou et c’est bien dommage. Le BDSM fait partie de nos vies intimes et la grossesse aussi.

Connais-tu d’autres soumises devenues mère avec leur Maître, tout comme toi ?

Saphir : Oui ! Et c’est merveilleux de voir des couples D/s amoureux et voulant construire une famille.

Justine : Oui, je connais très bien soumise Saphir qui est exactement dans le même cas que moi. Ainsi que des soumises qui avaient des enfants avant de rencontrer leur Maître.

Comment est né ce désir d’enfant entre vous ?

Justine : C‘est arrivé assez rapidement. Ma situation à toutefois cela de particulier que mon Maître est également mon mari.

Saphir : Lorsque j’ai rencontré mon Maître, Paul, j’étais en couple et je ne désirais pas d’enfant avec cette personne et je n’avais pas ce projet pour l’avenir. Et puis l’amour, le partage, la confiance et la sérénité que Maître Paul m’as apporté, dans le BDSM tout d’abord et dans notre vie de couple ensuite m’as fait réalisé que c’était avec lui que je voulais un enfant. Tout simplement parce que c’était lui.

Comment s’est déroulée ta grossesse ?

Saphir : J‘ai eu une grossesse rêvée. Un petit qui a très bien grandi dans mon ventre, sans problème de santé, sans difficulté. J’ai tellement aimé être enceinte, c’est une chose tellement magique !

Justine : J‘ai énormément cocooné ! Mon Maître a été hyper protecteur et encore plus excité, tout comme moi avec mes hormones qui étaient en ébullition !

As-tu ressenti des fluctuations de libido pendant ta grossesse ? Et après ton accouchement ?

Justine : Oui, enceinte, j’avais tout le temps envie de jouir.

Après mon accouchement, ma libido était toujours bien présente mais sentant mon corps se remettre j’ai préfèré le laisser se reposer.

Saphir : Olala oui ! Ma libido à disparue. Je pense que le manque d’information concernant la grossesse et le BDSM on contribuer à mon absence d’envie. La peur de mal faire ou de faire mal au bébé également.

Comment as-tu vécu ton BDSM lorsque tu étais enceinte ?

Saphir : Ah et bien je ne l’ai pas vécu (rire), nous avons fait une pause pendant un peu plus d’un an. Lors du munch avec toi Clarisse, je venais juste d’apprendre que j’étais enceinte. À partir de ce moment-là, nous avons mis notre vie BDSM en pause.

Justine : J‘étais frustrée, ne pouvant pas faire nos pratiques habituelles, ça a été dur pour nous. Parce qu’il faut bien l’avouer, j’aime lorsque mon Maître y va fort (rires)

Quel a été le regard de ton Maître sur ta grossesse ?

Justine : Il a été bienveillant et à l’écoute d’une grossesse qu’il désirait autant que moi.

Saphir : Un regard bienveillant, amoureux, un regard fier.

Quelle part de mère et de soumise t’habite aujourd’hui ?

Saphir : Oulala, c’est difficile comme question. Je dirais que c’est à part égal. J’ai toujours voulu garder ma vie de femme, déjà parce que ma vie de soumise est très importante pour moi, ma soumission est écrite en moi, j’avance chaque jour avec elle. Ma vie de mère est aussi importante, j’ai eu un enfant qui est aujourd’hui la prunelle de mes yeux et je me lève le matin et me couche le soir en pensant au bien-être de mon fils. Je pense qu’il est important de conjuguer une vie de femme, de soumise, de compagne, de maman et donner de l’importance à toutes ces facettes de moi.

Justine : Je dirais que je suis une maman intimidée par ce petit être qui est entièrement dépendant de moi. Et je suis une soumise extrêmement frustrée, mais pas malheureuse pour autant. Au final, il faut juste que nous trouvions un nouveau rythme, une nouvelle organisation.

Comment composes-tu avec ses deux pans de ta vie ?

Justine : Difficilement parce que ma fille est encore très petite, mais j’ai dans l’espoir que ça s’améliore.

Saphir : Je suis femme et maman dans la vie quotidienne. En ce qui concerne le BDSM, nous arrivons, Maître Paul et moi à trouver des moments pour pratiquer.

Comment arrives tu as organisé ta vie de maman et ta vie de soumise en même temps ?

Saphir : C‘est assez difficile de laisser mon enfant chez d’autres lorsque nous sortons. Je culpabilise beaucoup, mais il est important de garder une vie intime avec son conjoint. Et je suis très heureuse de retrouver mon garçon lorsque nous rentrons de soirées BDSM et je suis aussi très heureuse d’avoir trouvé un temps pour nous retrouver.

Justine : Ohlalac‘est dur (rires) ma fille doit avoir un radar, parce qu’elle sent lorsque nous nous cherchons mon Maître et moi. Du coup, il nous est impossible de continuer ou même de commencer une séance après l’avoir préparé.

Votre quotidien BDSM a-t-il été impacté depuis que vous avez eu cet enfant ?

Justine : Oui, l’arrivée d’un bébé chamboule une vie. Surtout que j’aime la savoir bien, alors j’ai souvent notre fille dans les bras. C’est un besoin, peut-être même encore plus fort qu’une bonne séance ces derniers temps.

Saphir : Oui, il faut déjà avoir le cœur et l’envie de laisser bébé à d’autres. Ce n’est pas évident les premières fois. Ensuite, nous vivons au rythme de bébé, s’il dort alors oui, nous pouvons pratiquer, quand la fatigue n’en décide pas autrement (rire)

Comment vois-tu, d’un point de vue « philosophique » le fait que ton Maître a fait de toi une soumise certes, mais une mère également ?

Saphir : C‘est la plus belle chose qui pouvait m’arriver. Trouver un Maître me correspondant à la (presque) perfection était déjà un énorme cadeau de la vie, moi qui ai mis un temps fou à accepter ma condition de soumise. Lorsque nous avons eu Léon, l’amour s’est multiplié, dans notre couple et au sein de notre famille. Maître Paul a parfois du mal à différencier mon statut de soumise avec celui de maman. J’aimerais qu’il soit plus strict et dur avec moi lorsque nous jouons ensemble.

Justine : Je le vois comme un honneur, car finalement, c’est une façon de me donner entièrement.

Une très belle conclusion d’un premier chapitre de notre vie.

Penses-tu que l’enfant né de votre union D/s représente une forme d’aboutissement dans votre relation BDSM à proprement dit ?

Justine : Oui car c’est un mélange de nous deux (heureusement, pour le moment, on dirait qu’elle n’a pris que les bons côtés. (rires))

Nous avons encore de belles choses à découvrir ensemble dans le monde BDSM, mais notre fille sera ma plus belle victoire. Je me sens aujourd’hui entière et plus forte grâce à elle.

L’amour que je ressens pour mon Maître est très fort, mais celui que je ressens pour notre bébé est si débordant que je peux m’y perdre et ça fait du bien.

De ce point de vue, il me semble que notre fille incarne le don de moi-même que j’ai offert à mon Maître.

Saphir : Comme je l’ai dit précédemment, je n’aurais pu rêver mieux. Nous avons une vie D/s très enrichissante et notre vie de parents nous a beaucoup rapprochés. C’est beau de vivre une vie D/s mélangée à une vie de famille.

Merci encore à Justine et Saphir d’avoir pris la peine de répondre à toutes mes questions et de s’être ainsi livrées à nous avec autant de sincérité.

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