Désir de déconsidération
En ce tout dernier vendredi pluvieux, nous décidions mon Maître et moi de nous retrouver tous les deux pour une prise en mains hors du commun. Toujours dans le dépassement de soi. Ni lui ni moi n’apprécions l’ennui et la lassitude, et chaque nouvelle séance devient finalement une découverte pour nous deux. D’autant plus qu’aux portes du BDSM, il y a tellement de choses à vivre, à voir et à découvrir. Il était donc temps cette fois encore de passer au niveau supérieur ! Avant les cordes, les aiguilles ou quelques autres pratiques dans le domaine, j’allais découvrir aujourd’hui un peu plus les plaisirs de la déconsidération. J’allais cette fois tout particulièrement devenir femme objet, jouet sexuel. J’étais un corps, un corps qui ressent, mais surtout qui subit. Les plaisirs cérébraux sont infinis, et je sais à quel point ils peuvent être profonds et déroutants. J’aime ces jeux au moins autant que mon Maître a plaisir à les mettre en place. Entre déconsidération, douleur, sévices et servitude, voici pour vous, le récit tout personnel et subjectif de ma dernière séance.
J’arrive comme une petite chienne mouillé à notre rendez-vous à l’hôtel. Je suis toute hâtée et excitée tandis que je prends possession des lieux. Je me prépare soigneusement, car je tiens vraiment à m’offrir joliment à mon Maître, c’est très important pour moi ; de soigner mes entrées et de les réussir surtout. Cela conditionne le rendez-vous et la température est aussitôt donnée. La devise reste la même : qu’elle soit la plus haute possible. Nous n’avons pas de temps à perdre, bien d’autres chattes à fouetter surtout !
La journée promet une séance toujours aussi intense, riche d’émotions et de sensations comme à chaque fois !
Je me prépare et m’installe, j’ai mis des bas, un porte-jarretelle et un corset qui dégage ma poitrine pour la laisser en libre accès à mon Maître, lui qui est un vrai fétichiste du téton. Et puis je l’attends, en position, le cul bien tendu, offert, à quatre pattes sur le lit. Je suis “à disposition” et je brûle d’impatience…
Monsieur arrive. J’ai pris soin de laisser la porte de la chambre entrouverte. Jl rentre donc sans problème et pose ses mains fermes sur ma croupe. Je ne résiste pas à l’idée d’observer son attitude et son regard lorsqu’il me découvre ainsi offerte. Comme très souvent, il sourit discrètement et ne quitte pas mon derrière du regard, comme hypnotisé. Il s’assied calmement et tout en le saluant, je me languis et courbe un peu plus l’échine. Je viens telle une provocation ultime écraser mes seins contre le lit et ainsi offrir un peu plus mon cul à ses yeux désireux. Aussitôt, je reçois alors une fessée ferme et puissante : le ton est donné ! Monsieur déclare la séance ouverte ! Je souris.
Après quelques amusements, mon Maître m’installe sur le dos. Me voilà offerte et silencieuse. Nous partageons alors un moment assez sage ou il me lèche, me doigte et s’amuse de mon corps. Nous nous essayons au fist, mais assez vite, nous devons nous résoudre tous deux à mettre de côté cette idée. Je suis bien trop étroite et sa main bien trop large, à notre plus grand regret… Ce qui ne freine en rien l’idée du fist anal, ce qui nous laisse tout de même à ce sujet des perspectives d’amusements à venir très enthousiasmantes. Mes seins sont alors torturés et battus. Je savoure assez calmement pour l’instant ce qu’il me fait. J’adore même ! Je me délecte de ses plaisirs charnels, j’ai déjà très envie de jouir sous ses doigts. Le manque me rend avide d’orgasmes. La situation perdure et prend rapidement une tournure brutale et dure.
Les choses ne se passent soudain pas comme c’est le cas habituellement, mon Maître ne fait preuve d’aucune indulgence à mon égard, ce qui a le don de m’exciter fortement, autant que cela me surprend de sa part. En temps normal, je ne dirais pas vraiment qu’il est clément avec moi, mais conciliant peut-être. Alors, je comprends qu’il ne faut pas que je bronche, et j’adore ce genre de menace. Malgré tout, j‘ai du mal de tenir en place, il me pince les seins et me claque avec vigueur, il me branle avec interdiction de jouir et je peine à rester calme. Je resserre mes cuisses inconsciemment sous ses agissements et Monsieur s’énerve de plus belle : “interdiction de serrer les cuisses” !
Le temps passe et je commence à souffrir sérieusement, mes yeux deviennent humides. Viens alors en jeu la roulette que je lui ai offert lors d’une séance précédente. Cette roulette n’a vraiment pas été un achat inutile, mon Maître aime particulièrement cet objet de torture. Il s’entreprend à la passer partout sur mon corps, et n’oublie aucun endroit. Je me tortille spontanément et j’attire ses foudres. J’ai alors assez honte de moi. Mon Maître ne manque pas quelques pointes d’humiliation et me rappelle une nouvelles fois à l’ordre.
Mon Maître tourne autour de mon sexe avec la roulette et je sens point après point chaque piquant dévorer ma peau. C’est dur à supporter. Je gémis et je serre les dents mais je ne lâche rien. Il passe et repasse sur mes grandes lèvres, puis mes petites lèvres. J’ai le sexe en feu et je ne désire qu’une seule chose à cet instant : que tout cela s’arrête. Et là, ma réalité me saute au visage, c’est mon Maître lui-même qui me fait prendre conscience et mettant tout juste le doigt dessus ! Il pose à peine son doigt sur mon clitoris et je frôle l’orgasme. Paradoxalement, c‘est exactement à cet instant que je part en sanglot… Je ne pleure pas parce que j’ai mal, mais simplement parce que j’ai honte, et maintenant qu’il s’arrête de me faire “du mal” pour me faire “du bien” (en modérant ses deux opposantes qui en réalité n’en sont pas, car le mal me fait du bien et je vais alors le comprendre ce jour, le bien me fait du mal) je ne peux retenir mes idées honteuses et délétères à mon sujet. Mais quelle abomination suis-je donc pour me trouver aux remparts de l’orgasme alors que je crie sous la douleur… ?
“Tu veux jouir Clarisse, n’est ce pas ?” Je peine comme une enfant à reprendre ma respiration entre deux sanglots et lorsque je reprends le souffle nécessaire, ma réponse est simple : “je n’en suis même plus sûre” voilà exactement le point de non-retour jamais approché jusqu’alors. Et là ou je désolidariserais peut-être mes lecteurs, mon récit continue…
[ Je sais pertinemment qu’il y a ceux à qui tout cela ne parlera pas. Alors sauf, par pure curiosité et sans une once de jugement, à ceux-ci, je demanderais de s’en arrêter à là dans la lecture de mon article. Pour tout ceux qui se reconnaissent dans mon ressenti, qui savent le plaisir subtil que j’ai pu vivre dans la dégradation et l’humiliation jusqu’alors et à qui ce genre de plaisir est familier, je les encourage à venir lire au plus près mon histoire aussi troublante et intense puisse-t’elle être.
Car moi-même très chamboulée de par ce que j’ai vécu, je ne souhaite pas attirer des idées négatives dans la pensée de mes lecteurs avec des réflexions du genre “oh la pauvre !” ” Quel goujat” “mais il n’a rien compris” “se sont des fous, etc. À tous ces gens-là, d’avance, je sais qu’il n’aurons rien compris à mon histoire. ]
Alors j’ai le sentiment de n’être rien, et mon Maître n’a que faire de ma réponse qui l’a lui-même vraiment étonné. Pour la toute première fois dans nos séances, je ne souhaite pas jouir, et la jouissance elle-même n’est absolument plus une priorité pour moi. C’est là que mon Maître m’a offert un moment des plus intenses, des plus maso que jamais il ne m’ait été permis de vivre. Une douleur forte, profonde et pénible.
Mon Maître a compris. Il s’est mis alors à me manipuler égoïstement contre toutes mes suppliques. C’est dans ses Moments bien précis où je trouve que nous nous sommes brillamment bien trouvés lui et moi… Car il a agit spontanément et sans réfléchir un instant à ce qu’il allait faire de moi (et pour moi). C’est justement là que tout le plaisir commence ! Un plaisir nouveau pour nous deux, un plaisir de déconsidération, dans un contexte de brutalité absolue, mon corps violé (je vous avais prévenu…) Pourtant consentante, je l’ai été, il n’y a aucune ambiguïté là-dessus que l’on soient bien clairs. J’étais consentante de l’acte non consenti. Il me frappe, et me porte la main au cou, il s’approche de mon visage, et resserre ses doigts sur moi “tu me détestes je sais, dit le que tu me détestes !” Là, je résiste encore. Je ne cède pas, mais mon regard se détourne du siens alors si noir. Mes dents se serrent, je suis à bout de nerfs, mais je ne céderais pas. Mon Maître ressent bien ces choses-là, et alors que je m’attendais à ce qu’il m’ordonne de continuer à le regarder droit dans les yeux, il me laisse tranquille. Je l’en remercie alors profondément, car pour ça, ni lui ni moi ne sommes encore véritablement prêts. Aussi proches puissions nous être en cet instant, il est des recoins si sombres en nous qu’il n’est pas encore possible d’affronter tous les deux.
Mon Maître s’est emparé d’un objet redoutable pour moi : un stimulateur clitoridien. C’est un petit objet rond et vibrant tel un mini magic wand, toujours très efficace pour me faire jouir. Mon Maître m’ordonne de mettre mes mains derrière la tête. Je m’exécute. Je suis contente de le faire sans problèmes, contrairement à garder les cuisses bien écartés. Alors je m’exécute pour le rendre fier et lui montrer que je souhaite faire mon maximum pour lui. Il dépose le stimulateur sur mon clitoris et mes cuisses se resserrent dans une supplique désespérée de ma part. Seulement cette fois mon Maître s’énerve vraiment. Il me claque encore, car je désobéis sans cesse, mais j’en ai bien conscience. Je jouis une fois, et mon plaisir est exclusivement salvateur, je suis soulagée, mon corps en avait besoin. Mon Maître continue, alors que je tente de lui demander quelques secondes de répits. Je comprends très vite que c’est totalement inutile, il ne m’écoutera pas et je ne voudrais pas l’énerver plus encore. Je jouis une seconde fois. Je soupire de soulagement en imaginant que cette fois, il me laisserait un moment de récupération ce qui ne fut malheureusement pas du tout le cas. Je souffre et mon bouton me brûle. Les minutes passent et mon Maître ne lâche pas prise. Il m’explique alors qu’il ne s’arrêtera pas tant que je n’aurais pas joui une énième fois. Je n’ose plus ni supplier, ni bouger. Je comprends alors que finalement la solution est en moi, je dois simplement jouir, jouir encore juste une fois. La douleur est profonde, générale, j’ai mal partout, je suis épuisée. Les minutes n’auront jamais été aussi longues. Je m’évertue à m’approcher d’une jouissance qui me semble pourtant si loin, inaccessible. J’ai tant de peine, mais ma concentration est telle. Et petit à petit, mon corps puise une force surnaturelle pour jouir une quatrième fois. Une jouissance douloureuse, pénible et vraiment sans une seule même infime part de plaisir : ni cérébrale ni physique. C’est juste la clé qui met fin à ma torture.
Aussitôt jouis, mon Maître s’arrête. Je suis si épuisée ! Je n’ai même pas la force de réflexion pour me dire “waouh ! Quatre fois d’affilé”. Mon Maître me prend dans ses bras et je suis encore sous le choc. C’est un moment des plus important car de cette façon il remet notre lien en place dans cette embrassade. Car même s’il m’a fallu du temps, mes bras ballants se relèvent lentement au bout de quelques secondes, et finirent par l’entourer chaleureusement. Mes doigts se crispent dans son dos et ma tête s’enfouit dans son cou, je pleure de nouveau ! Sa main délicate dans mes cheveux m’apaise. Ça me fait du bien. C’était nécessaire pour reprendre contact avec la réalité, avec lui, avec mon Maître.
Puis nous reprenons petit à petit nos esprits, je le suce pour clôre ce moment d’une intensité sans pareille qu’il l’aura fait bander comme jamais. Je lui offre ainsi sous ma langue une jouissance des plus salvatrice. C’est ma façon de soumise pour le remercier de ce moment ensemble…
Aujourd’hui encore, je ne pourrais vous dire que j’ai aimé ce moment, mais c’est justement cela que je recherche. Ces instants qui me perdent tant rappellent surtout à la délicatesse de nos jeux et aux plaisirs à la fois infini et singuliers qu’ils peuvent nous procurer. Il renforce aussi le lien qui me lie à mon Maître, car ses séances nous démontrent bien à quel point nous pouvons aller loin tous les deux main dans la main. Je n’ai pas encore à ce jour l’honnêteté intérieure pour réclamer ses moments, mais l’intention y est, c’est certain. Encore aujourd’hui des portes s’ouvrent sur des plaisirs toujours plus forts et au plus proche de nos désirs profonds, de nos véritables vices. Tout comme le plaisir par la douleur, la liberté par la contrainte, j’apprends cette fois la délectation dans la déconsidération.